Autour De Lucie chercha longtemps à fausser compagnie à la pop. Mais on ne quitte pas aussi facilement la sécurité d’un port abrité quand, outre-digue, il n’y a plus de cartes, juste des tempêtes (de cerveau). L’intelligence du groupe, c’est d’avoir attendu patiemment d’apprivoiser les nouveaux outils de navigation : au lieu d’inviter l’électronique à […]
Autour De Lucie chercha longtemps à fausser compagnie à la pop. Mais on ne quitte pas aussi facilement la sécurité d’un port abrité quand, outre-digue, il n’y a plus de cartes, juste des tempêtes (de cerveau). L’intelligence du groupe, c’est d’avoir attendu patiemment d’apprivoiser les nouveaux outils de navigation : au lieu d’inviter l’électronique à servir de soufflerie d’air du temps dans cet intérieur rangé, Autour De Lucie, pour son troisième album, a préféré revoir totalement son architecture plutôt que de se contenter de moderniser la décoration. D’entrée de jeu, le fastueux Je reviens révèle le chemin parcouru : un chant de départ, d’amarres larguées, qui ose enfin s’exprimer droit dans les yeux, le front haut. Sans rien renier de son classicisme pop (orchestrations John Barry, mélodies coupées à l’anglaise), Autour De Lucie joue déjà plus en une seule chanson avec l’espace, les mots, les respirations et la dynamique que sur ses deux précédents albums. On se dit que placer une telle chanson, ample et majestueuse, en début d’album, est forcément un mauvais signe, une manière de dissimuler une forêt de bonsaïs. Mais dès le second morceau, le patraque Je suis un balancier, le cynisme de garde est renvoyé à sa niche. Là se confirme le ton de l’album : effectivement sur un balancier, Faux mouvement est bien sorti du port, mais longe les côtes. Ses chansons ne perdent jamais de vue les pâturages de leur Village Vert, mais elles les observent désormais de loin, à travers une brume finement ciselée par un groupe où cuivres, guitares rouges, cordes et machines brouillent les sens. Bien sûr, on ne sort pas de sa coquille sans se prendre les pieds dans quelques maladresses, mais peu importe : un groupe qui, dans une discothèque, se love entre les Auteurs et Kevin Ayers, ne peut de toute façon que vouloir du bien à la pop-song.
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