Cette année encore, le Fonds d’action et d’initiative rock est parti en tournée avec ses lauréats. Pour évoquer ce dispositif d’aide à l’émergence, rencontre avec un groupe bien placé pour en parler : Fauve ≠.
C’était en mars à Clermont-Ferrand, en pleine tournée du Fonds d’action et d’initiative rock (Fair). La joyeuse troupe de Le Vasco est en train de foutre le bordel sur la scène de la Coopérative de Mai. Fauve ≠ leur succédera dans quelques minutes. En attendant, on discute dans un couloir.
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“Jouer à la Coopé devant 1 500 personnes qui viennent pour toi, on n’aurait jamais pensé faire ça un jour. Avant l’album, on a toujours fait les trucs un peu à l’arrache, au bord de la légalité. Désormais, il faut qu’on fasse les choses proprement pour ne pas se faire emmerder. Le Fair ne sert pas qu’à donner un peu d’argent aux groupes sélectionnés. C’est une vraie équipe avec qui on échange beaucoup. Ils nous permettent de nous protéger contre certains trucs auxquels on ne penserait pas nous-mêmes. C’est bien d’avoir quelqu’un qui connait les rouages administratifs de l’industrie. Le Fair sert à nous expliquer les règles du jeu.”
Un dispositif crée pour les artistes émergents
Comme tous les ans depuis un quart de siècle, une poignée de groupes émergents profite du soutien de cette structure créée à la demande du ministère de la Culture. Aides financières, accompagnement professionnel, stages de gestion de carrière ou encore conseils juridiques autour des droits d’auteur sont dispensés aux lauréats de chaque année. L’édition 2014 aura retenu ces noms : Le Vasco donc, mais aussi Benjamin Clementine, Mein Sohn William, Chassol, Dom La Nena, Maissiat, Saint Michel, Superpoze, Mermonte, Rocky… et Fauve ≠, bien sûr.
En un peu plus d’un an, le collectif a fait une centaine de concerts un peu partout. Ils ont produit et sorti leur ep Blizzard tout seuls et en ont vendu des dizaines de milliers. Pour leur premier album publié en février, ils ont enchaîné les rendez-vous avec les maisons de disques. “Une quarantaine”, disent-ils. Pour, au final, continuer d’autoproduire leur musique, ne signant qu’un contrat de distribution avec Warner.
Savoir s’adapter aux règles de l’industrie
De quel soutien peuvent bien avoir besoin des musiciens aussi débrouillards et aguerris ? Pourquoi se frotter à une initiative des pouvoirs publics quand le discours artistique prône justement l’indépendance de création ?
“On s’est inscrit au Fair via notre tourneur qui nous a conseillé de le faire. A la base, on ne savait même pas ce que c’était ! Nous ne sommes pas des marginaux. On n’est pas antisystème. On veut juste faire les choses telles qu’on en a envie, avec le moins de contraintes possibles. Pour rester indépendant, il faut connaître les lois. Le Fair nous a aidés à les comprendre.”
Fauve ≠ aussi a su imposer ses règles et son style. Malgré le succès des derniers mois, le collectif n’a fait aucune concession sur son identité. Le public, les médias, l’industrie : tous se sont adaptés à leur façon de faire. C’est ça aussi l’émergence.
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