Sur son nouvel album, Moz explore de nouvelles sonorités, à défaut de dépoussiérer un discours parfois borderline.
A ceux qui prédisaient sa chute consécutive à ses soucis de santé, ses annulations de concerts et ses dérapages innombrables, Morrissey donne la réponse la plus distinguée possible avec un treizième album solo regorgeant de surprises et de mélodies. A peine un an après California Son, recueil de reprises splendides, l’Anglais exilé à Hollywood prouve sur I Am Not a Dog on a Chain qu’il ne fait pas dans l’autoparodie.
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Sur ces onze morceaux, en grande partie enregistrés au studio La Fabrique de Saint-Rémy-de-Provence, l’ex-leader des Smiths donne un nouveau souffle à son répertoire habituel en y injectant des expérimentations inattendues : une rythmique drum’n’bass sur Jim Jim Falls, des saxos mêlés à des synthés sur Bobby, Don’t You Think They Know ?, un chœur d’enfants sur le final My Hurling Days Are Done…
Ni compassion, ni remise en question
La production de Joe Chiccarelli a de quoi dérouter, tout comme les paroles qui ne laissent désormais aucune place à la compassion, à la remise en question. Les fans de la première heure ont eu de nombreuses occasions de constater le glissement de Morrissey vers des propos controversés et assez navrants, qu’il assume pourtant sans ciller avec un goût certain pour la provoc. Pour beaucoup, le chanteur est ainsi devenu une sorte de guilty pleasure, aimé pour son œuvre plus que pour celui qu’il est devenu.
Sur disque, il se tempère un peu et se contente de se lamenter autour des mêmes sujets qui l’indignent depuis des années : la maltraitance animale, la solitude, ou encore la presse. Impossible de ne pas reconnaître que sa voix se déploie sur les titres de ce nouvel album avec une majesté inouïe, façon crooner désabusé.
Des chansons à couper le souffle
Difficile, également, de résister à certaines chansons à couper le souffle, notamment la torch-song The Truth About Ruth et son manège désenchanté, ou l’envoûtante Once I Saw The River Clean qui allie beats electro, synthés new-wave, guitare acoustique et violon en évoquant sa grand-mère – l’un des rares moments où Morrissey laisse tomber l’armure et l’amertume, retrouvant au passage une tendresse qu’on croyait oubliée et qu’on espère revoir en lui plus souvent. Sur la pochette, menton levé et regard dans l’ombre, il affiche un sourire narquois : “Bigmouth strikes again”, semble-t-il affirmer. La grande gueule a encore frappé fort.
Album I Am Not a Dog on a Chain (Etienne/BMG)
Concert Le 24 septembre, Paris (Salle Pleyel)
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