Sa vie est tellement romanesque qu’il a désormais son propre documentaire. Le boss du hardcore Manu le Malin se dévoile dans un objet visuel à ne pas louper, entre musique extrême et confessions.
Cela fait vingt ans qu’il règne sur la techno hardcore française. Manu Le Malin, que la nouvelle génération connaît aussi sous son alias techno The Driver, est un artiste intriguant, obscur et multiple qui méritait bien que l’on se penche un peu plus sur sa vie. Mario Raulin et le collectif Sourdoreille s’en sont chargés. Le documentaire Sous le donjon de Manu Le Malin sort ce 1er mars, faisant bien sûr la part belle à ce dj et producteur à part, mais aussi au festival Astropolis, auquel il est extrêmement lié. A visionner ci-dessous :
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Un artiste, un festival et un château
Que l’on aime le hardcore ou non, on est face à objet visuel de dingue qui mélange fiction et docu pour mieux faire ressortir l’aspect romanesque de la vie de Manu Le Malin et ses traits de caractère insoupçonnés. Mario Raulin explique : « Il joue une musique inhabituelle : du hardcore assez extrême, de la techno dans ce qu’elle a de plus rapide et de plus violent. Mais c’est aussi quelqu’un d’entier, qui paraît brutal, mystérieux, alors que derrière, il y a des convictions, ses idées. »
Tourné en grande partie au château de Keriolet, près de Concarneau, lieu des premières éditions d’Astropolis, il convoque des artistes tels que Laurent Garnier, Jeff Mills, The Dj Producer, Electric Rescue et évidemment Lenny Dee, légende du hardcore, pour parler de cet endroit unique et de l’homme qui le fait vibrer. Lorsqu’il s’agit d’expliciter son rapport à l’équipe du festival, Manu Le Malin est clair : « Ce sont des gens qui ont cru en moi dès le début et qui ont été là dans les moments difficiles. Si je suis encore là, c’est grâce à eux. Ils m’ont rattrapé au moment où j’ai voulu tout arrêter. Le fait qu’il y ait aussi ces gens présents dans le docu et ce château incroyable, qui en est le décor, une sorte de huis clos assez classe, c’était important. »
« J’étais un joueur compulsif »
Car en vingt ans, Manu Le Malin n’a pas connu que des hauts. Les bas s’invitent aussi dans le documentaire, à commencer par les excès, mais aussi les addictions, comme celle qu’il a développé vis-à-vis du jeu. Il nous raconte : « C’est une addiction comme une autre. Moi, je savais qu’elle était en moi, c’est presque génétique, mes parents étaient joueurs. Je savais quasiment jouer aux cartes avant de marcher. Je l’avais évitée pendant des années, et un jour, je m’y mets. Il suffit que dans ta vie tu ne sois pas forcément heureux et tu tombes. J’ai fait le casino, les salles de jeux, le poker en ligne… Le jeu sous toutes ses formes. Et ça n’est pas une question d’appât du gain, j’étais un joueur compulsif. Et au-delà de l’argent, ça m’a fait perdre pas mal de gens autour de moi, ça m’a coupé du monde. Jusqu’à ne pas aller à une date parce que je suis sur un tournoi. C’était deep. Même les croupiers me disaient : ‘Putain, t’es bon, mais t’es compulsif.’ Et les gars en face de moi le savaient, donc ils me rentraient dedans et je mettais tout. Ca fait cinq ans que je n’ai pas retouché une carte, et ça ne ma manque plus du tout. Des fois des potes m’appelle pour des parties, mais je n’ai pas envie de jouer avec le feu. Ca ne m’intéresse plus. »
Cette personnalité sombre est alliée à un homme finalement ouvert, que l’on découvre durant tout le documentaire. Mario Raulin le définit aussi comme tel : « Il est assez romantique, par exemple, très fleur bleue. Et puis c’est un des plus grands techniciens que j’ai vu aux platines. Il a une manière de mixer qui met la taule à tout le monde, corporelle, fusionnelle. » Ce que ne manquent pas de souligner les différents djs et producteurs interviewés.
Son double : The Driver
Le documentaire promet de faire pas mal de bruit. La campagne de crowdfunding Ulule démarrée pour financer le projet a explosé le montant espéré. Parce que Manu Le Malin compte beaucoup de fans de plusieurs générations. Parce quand il faut se mobiliser pour son patron, l’underground sait y faire. Parce que le projet et le personnage sont marquants. La carrière du bonhomme a connu un nouveau souffle lorsque l’équipe d’Astropolis lui a présenté Electric Rescue, producteur techno français avec qui il a monté le projet W.L.V.S., puis affirmé son alias The Driver.
« C’est un alias que j’ai depuis longtemps, mais qui est plus assumé aujourd’hui. Musicalement, il me faut une sorte d’équilibre. Si je ne jouais que hardcore, je me ferais chier au bout d’un moment. Si je ne jouais que de la techno, pareil. Le public n’est pas le même, la vibe non plus. Ma compagne, mes potes me disent : ‘T’es pas le même quand t’as le costume de l’un ou de l’autre’. C’est assez étrange. Apparemment, je suis plus calme et posé quand je suis sous le nom The Driver. »
Et si l’homme est un Parisien pur et dur, supporter du PSG, c’est aussi un grand amoureux de la Bretagne avec laquelle il a un lien très particulier. Une des raisons qui ont poussé les chaînes locales Tébéo et TVR à être diffuseurs du projet. Mais on ne va pas vous spoiler tout le docu, l’important, c’est de le regarder, que l’on aime ou pas le hardcore.
{"type":"Banniere-Basse"}