Echappé des Fleet Foxes, Josh Tillman s’offre un avatar et signe un album de folk-songs éblouissant. Critique et écoute.
Combien de mauvaises blagues sur les batteurs ? L’histoire du rock a montré qu’il est moins simple d’être posé derrière une grosse caisse que debout face à un micro. Longtemps, d’ailleurs, Josh Tillman, ancien batteur des Fleet Foxes, s’est ennuyé avec ses renards barbus : “C’était une expérience frustrante. On ne me demandait pas grand-chose. Je devais être présent et jouer la batterie quand il le fallait. C’est déprimant de passer sa vie en tournée pour si peu.”
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Cette frustration, celui qui a grandi à Seattle l’a d’abord apaisée avec une poignée de disques solo, parus sous le nom de J. Tillman. Il prolonge aujourd’hui l’entreprise en créant un personnage à qui il a donné le nom de Father John Misty. “Ça m’a permis de m’affranchir d’un tas de vieux réflexes. Jusque-là, j’écrivais des chansons en pensant aux réactions de ceux qui les écouteraient, à l’image qu’elles renverraient de moi. Cette fois, je n’ai pensé à personne. C’est souvent comme ça qu’on est, au final, le plus convaincant.”
Fear Fun, le splendide premier album qui accompagne cette renaissance, marque aussi l’arrivée du musicien sur les hauteurs du célèbre Laurel Canyon à Los Angeles. Cette destination mythique, terre légendaire des Byrds et de Crosby, Stills & Nash, il l’atteint au terme d’un voyage en solitaire : “Je suis monté dans mon van, j’ai pris des champignons hallucinogènes et de quoi écrire un roman. Sous l’emprise de la drogue, j’ai rédigé cette histoire peuplée de punaises de lit, d’animaux et de curieux personnages, puis j’ai décidé d’en faire un album.”
Pour cela, Tillman s’offre les services d’un nouveau héros du canyon, l’Américain Jonathan Wilson. Il le rejoint dans son studio niché sur les hauteurs d’Echo Park et lui propose de réaliser son disque à quatre mains. La collaboration est fructueuse : Fear Fun est un album de folk noir et drôle à la fois, qui déroule une douzaine de chansons aux harmonies dignes des Beach Boys (la sublime Nancy from Now on), aux orgues à l’ancienne (O I Long to Feel Your Arms around Me) et au groove seventies (Well, You Can Do It without Me). La chose, portée par la voix sublime de Josh Tillman, ressemble à un classique.
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