Quatre foutracs du New Jersey, surveillés par Steve Albini, jouent avec le cadavre de la pop. Insaisissables. Les nigauds teigneux de Supergrass auraient-ils trouvé leurs cousins d’Amérique ? Par le menu, le premier album de Lizard Music s’annonce plutôt salé à décrypter Robert Smith, Brian Wilson, les Rutles et les trois membres de XTC sont […]
Quatre foutracs du New Jersey, surveillés par Steve Albini, jouent avec le cadavre de la pop. Insaisissables.
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Les nigauds teigneux de Supergrass auraient-ils trouvé leurs cousins d’Amérique ? Par le menu, le premier album de Lizard Music s’annonce plutôt salé à décrypter Robert Smith, Brian Wilson, les Rutles et les trois membres de XTC sont chaleureusement remercies sur la pochette ; les chansons parlent de Johnny Depp, d’Ed Wood et du commandant Cousteau… Une seule certitude on n’a pas affaire à des croque-morts. D’ailleurs, le disque débute par un éclat de rire. Seule la présence de Steve Albini, chargé de donner un sens à ce sinueux et dingo jeu de piste, pourrait alerter notre méfiance. Esquire rassure d’entrée: le serial killer de la console a retiré ses moufles, déposé ses armes les plus tranchantes, même si on aurait volontiers confié ces garnements à l’un des maîtres d’école sus-cités. Mais les quatre agités du New Jersey goûtent visiblement les accouplements contre nature: imaginez Chris Knox confortablement installé dans le cottage anglais de XTC, Me chez Mickey ou Queen dépecé par Sebadoh, et vous aurez une vague idée des ahurissantes couleuvres que peuvent nous faire gober ces lézards-là.
Ils jouent tellement rustaud et rêche, sans réverbe rassurante ni enrobage trompe-l’œil, qu’on remarque à peine d’emblée leur extrême malice mélodique. Un authentique groupe pop, qui refuse pourtant de s’harnacher trop solidement au cortège de ses chers héros disparus. Ni à la traîne ni devant: ils seraient plutôt du genre à aller chatouiller les pieds du cadavre. On saisit Lizard Music par la queue d’une influence et les voilà déjà ailleurs, nous laissant seuls avec notre bout de discothèque inerte dans la main. Et lorsqu’un agaçant cut-up final insiste de longues minutes pour nous proposer une tasse de thé, on jure d’en vérifier scrupuleusement la composition.
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