Vous cherchez encore un disque pour sauver votre été pourri
: sautez donc à pieds joints sur le deuxième album groovy et electro des Montréalais de
Chromeo.
L’autre jour, c’est une jeune femme qui dit à une autre dans la queue du Shopi : “Tsé j’ai entendu dire qu’il se pourrait que l’été commence fin août et qu’on ait finalement un temps super tout le mois de septembre. C’est cool, je vais pouvoir mettre les trucs que je m’étais achetés.” Et là, par le grand miracle de l’association des idées débiles, nous arrive immédiatement dans la tête la très lente et très spatiale et très belle introduction du deuxième album des deux Montréalais (Dave 1 et P-Thugg), sur laquelle des dames qu’on imagine lascives et enchaînées à quelque chose de métallique chantent “Chromeo, oh oh, Chromeo, oh oh, Chromeo, oh oh”.
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Alors oui c’est un peu bizarre toutes ces aventures semi-mentales au Shopi mais il y a des bonnes raisons. C’est tout simplement qu’on se répète depuis le début de cet été que le disque de l’été, c’était forcément celui-là, ce deuxième album de Chromeo, Fancy Footwork. Mais voilà, on n’en a pas eu, d’été, quasiment (sauf dans le Sud, disent certains qu’on ne croise pas beaucoup au Shopi), rapport à cette météo super déplorable – et danser dans un K-way, c’est très dangereux, ça peut provoquer des urticaires d’une rare violence. Donc quand vous entendez quelqu’un au Shopi parler d’un autre début d’été, hop : Chromeo, Fancy Footwork, normal.
Avec ces basses slappées, ces mélodies profondément synthétiques, ces rythmiques discoïdes et ces voix vocodées qui vous flottent dans la cervelle avec une grâce très numérique, il est beau ce disque de Chromeo. Beau comme Tenderoni, cette chanson de danse à quatre roues motrices, limite italo-disco, qui ouvre l’album juste après l’intro sus-nommée. Beau comme Fancy Footwork le titre seul, avec son démarrage au laser, son beat obsédant et cette fille qui martèle “two step, two step” avec une voix de coquine des Carpates à vous faire confondre gin et gym tonic. Et puis il y a aussi Bonafied Lovin’ (Tough Guys), qu’on pourrait légitiment croire échappé d’une split-session entre le Daft Punk de Discovery et Phœnix période United : c’est léché et groovy à souhait, on en pleurerait. Tenderoni, Fancy Footwork et Bonafied Lovin’ (Tough Guys), ces trois généreux morceaux qui ouvrent et tiennent l’album de Chromeo, c’est donc tout simplement la bande originale d’un été introuvable d’où l’on verrait surgir, par ordre d’apparition à l’écran : les mojitos qu’on pose sur le bar en plein air ; la boule à facettes suspendue au ciel qui tourne et éclaire une troupe de gens qui secouent la tête ; des filles (dont une en short court) et des garçons qui se regardent fixement dans les yeux au premier plan, avec pour finir la caméra qui fait lentement le point sur un DJ caché dans le fond, avec sa chemise en soie rose un peu transpirée des bras.
Et s’il fallait se remettre de ces instants, on irait alors se réfugier un moment chez Momma’s Boy, ce morceau qui commence comme du Supertramp, oui oui, pour briller gentiment par sa jolie ritournelle vocodée et protectrice, conclue (dans nos rêves au moins) par l’arrivée d’une jeune femme peut-être croisée au Shopi – et annonçant à elle seule le vrai début des vacances, le vrai.
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