Agé d’à peine 30 ans, Benny Jonas Nilsen fait déjà figure de vétéran : il est vrai que, depuis quinze ans, ce gaillard venu du froid ? de Suède, pour être précis ? sème avec une belle régularité des joyaux digitaux dont l’éclat n’a pas manqué d’éblouir les habitués, peu enclins à l’indulgence critique, de […]
Agé d’à peine 30 ans, Benny Jonas Nilsen fait déjà figure de vétéran : il est vrai que, depuis quinze ans, ce gaillard venu du froid ? de Suède, pour être précis ? sème avec une belle régularité des joyaux digitaux dont l’éclat n’a pas manqué d’éblouir les habitués, peu enclins à l’indulgence critique, de la sphère des musiques dites expérimentales. Estimant, non sans raison, qu’il était encore un peu jeune pour faire valoir ses droits à la retraite, BJ Nilsen n’entend pas s’arrêter en si beau chemin’
De fait, abandonnant ses pseudo (Morthound, Hazard) pour signer de son propre nom (sans doute une manière symbolique de passer le redouté cap de la trentaine ), il vient d’ajouter un pan étincelant à son édifice musical ? un édifice bâti sur une intransigeante idée de l’infini et qui accueille en lui toute la lumière du monde. Aussi convient-il de prendre Fade to White au pied de la lettre, le titre de ce nouveau disque en indiquant clairement la couleur intérieure, ou plutôt les couleurs intérieures : le blanc et quelques-unes de ses innombrables nuances. Pareille à celle des nuits qui n’en finissent pas, la blancheur qui éclabousse les six plages de Fade to White n’est en rien virginale. Composée de multiples sons (naturels ou instrumentaux) hétérogènes, captés au gré de pérégrinations en Europe centrale puis (re)fondus en une étendue sonore d’une saisissante limpidité, elle est l’œuvre d’un homme qui sait bien que, pas plus que la perfection, la pureté n’est de ce monde, mais qui pourtant, obstinément, refuse d’y renoncer.
Rien n’est pur mais tout est possible. D’ailleurs, n’était l’encombrante référence au mastodonte éditorial de la rentrée, l’on supposerait volontiers qu’au long de Fade to White BJ Nilsen se livre à l’étude de la possibilité d’une blancheur Menée avec autant de rigueur que de ferveur, cette étude s’avère proprement fascinante.