Embarquée en tournée avec Alela Diane, son amie d’enfance, Mariee Sioux est à elle seule une vraie histoire des Etats-Unis, une collision de cultures et de destins. Rater une apparition de Mariee serait un pêché.
Si le story-teller Jean De La Fontaine était encore de ce monde, il écouterait sans doute du folk américain. Et il pourrait écrire sur son blog une fable qu’il appellerait Les Cigales et la Cigale. Ce serait l’histoire édifiante d’Alela Diane, qui a chanté tout l’été, tout l’automne et tout l’hiver, qui semble même avoir chanté toute sa vie, et qui se trouva fort comblée deux jours avant le printemps, remplissant la Cigale en ouverture d’un mois de tournée française. En première partie et dans les chœurs de son groupe : Mariee Sioux. Une amie d’enfance d’Alela Diane. Elles ont le même âge, elles viennent de la même petite ville de Californie (Nevada City, d’où est aussi originaire Joanna Newsome, à croire qu’il y a là-bas un élevage de bonnes chanteuses), elles ont commencé la musique en même temps, elles ont enregistré ensemble, leurs premiers albums respectifs sont sortis à peu près au même moment, et celui de Mariee Sioux arrive enfin dans nos contrées. Et comme celui d’Alela Diane, c’est une révélation. Voire une élévation. Vous vous apprêtez à écouter Faces in the Rocks pour la première fois : détachez vos ceintures, inspirez profondément, laissez venir la lumière. Pendant cinquante minutes, vous êtes un oiseau, vous planez il y a mille ans au-dessus d’une terre vierge. Bercée dans son enfance par Graceland de Paul Simon, Mariee Sioux a commencé la musique il y a seulement cinq ans. Mais ses chansons sont traversées par l’héritage ancestral de ses racines indiennes. Contrairement à ce que son nom indique, Mariee n’est pas sioux. Son père, musicien de bluegrass, est d’origine hongroise et polonaise. Sa mère est indienne (mais pas sioux). Chacune de ses chansons commence par quelques notes de flûte indienne. Les sourds diront qu’on se croirait chez Nature & Découvertes. Les autres diront qu’on se croirait au paradis, se laisseront porter par des chansons moins atmosphériques que paysagistes, qui semblent jouées par les rivières, les montagnes et les nuages, de la terre à l’éther. Elle joue une musique vierge, Mariee. Musique légère, musique de peu : une guitare folk, des harmonies vocales, de la flûte, des petites percussions, un peu d’accordéon. Huit chansons longues, chantées dans un souffle, flux de mélopées volatiles dont la relative monotonie crée l’effet hypnotique, la douce extase. Mariee Sioux est une chaman (alors une chawoman ?), dont la musique ralentit le temps, fait tomber les murs, transforme un appartement T3 en cabane en feuillages sur la plus haute branche d’un séquoia géant.
En dépit du caractère magique et hallucinatoire de sa musique, Mariee Sioux existe vraiment. Fin janvier, la jolie brune timide jouait pour la première fois en France. Et elle disait : “Cette musique, c’est l’expression de la part la plus personnelle de ce que je suis, quelque chose que je ne comprend pas forcément. Parfois, quand je joue, je me perds complètement, je m’abandonne d’une façon qui ne m’arrive jamais dans d’autres contextes. Je sais que je chante pour quelque chose qui me dépasse, que je ne comprends pas. Certaines de ces chansons me sont venues pendant des rêves. On peut parler d’une connexion spirituelle.” Mariee passera en France entre le 19 mars et le 19 avril. Et ceux qui vont rater son apparition n’iront pas au paradis.
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Tournée du 19 mars au 19 avril en première partie d’Alela Diane.
/// www.myspace.com/marieesioux
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