Il était une fois la peinture d’histoire et la peinture à histoire, les mythes-récits de guerres ou les vies de saints découpées comme en cases dans les grands panneaux médiévaux. Puis il y a eu au début du siècle une disparition de la narration loin des espaces picturaux. Et aujourd’hui Narration 2 (le retour) : […]
Il était une fois la peinture d’histoire et la peinture à histoire, les mythes-récits de guerres ou les vies de saints découpées comme en cases dans les grands panneaux médiévaux. Puis il y a eu au début du siècle une disparition de la narration loin des espaces picturaux. Et aujourd’hui Narration 2 (le retour) : c’est cette réintroduction du récit dans la peinture et la photographie contemporaines que nous relate l’exposition grenobloise organisée par Yves Aupetitallot. Certes, l’expo accueille des formes narratives très différentes les unes des autres : la BD et les X-Men avec Tim Rollins, le rêve avec Jean-Jacques Rullier ou Jim Shaw. On a d’ailleurs parfois du mal à suivre le fil de cette nouvelle histoire de l’art, tant certaines des oeuvres choisies n’entretiennent avec le sujet qu’un rapport ténu. Mais le propos est clairement atteint chaque fois que peintres et photographes viennent chercher dans le cinéma et la télévision des formes neuves de narration, assemblent leurs images comme autant de séquences cinématographiques. La peinture comme art du montage : ainsi le Turinois Daniele Galliano, qui explore dans ses toiles plutôt glauques l’univers de la nuit et de la rue, laisse à la disposition du commissaire d’expo le soin de construire le récit, de choisir les toiles et de les juxtaposer. Hans-Jörg Mayer fait également se succéder des visions héritées des médias dans des styles picturaux fort différents (un accident d’avion, le portrait de Docteur Spock, un paysage…) : à la manière d’un journal télévisé, la peinture contemporaine pratique le discontinu et le zapping. A chacun en sorte de composer cette narration qui n’est pas donnée mais seulement esquissée par les artistes contemporains. Comment passer d’une image à une autre, comment construire une histoire là où il n’y a peut-être que désordre absolu des images, de l’identité et des états d’âme ? Autant dire que ces nouveaux récits mettent au jour une nouvelle psychologie : que ce soit dans les photos d’adolescentes déprimées de Sharon Lockart, dans les portraits bizarres peints par James Rielly, dans les immenses photos panoramiques de Sam Taylor-Wood, les récits fragmentaires qui nous sont offerts révèlent en nous une conscience de plus en plus discontinue, et une forte propension à un zapping comportemental.
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