Rencontre avec deux producteurs à suivre de très près
Quelques jours après la sortie de leur remarquable EP Cerebral, Myth Syzer et Ikaz Boi sortent un tout nouveau clip, accompagnés du jeune rappeur Hamza. Parking désert, néons puissants et épicerie glauque, le combo parfait pour coller à un titre à l’atmosphère aussi étrange qu’accrocheuse. La semaine dernière, les deux producteurs qui montent ont répondu à quelques unes de nos questions. Interview juste ci-dessous.
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Dix ans que vous travaillez ensemble et un EP aujourd’hui. Qu’est ce qui vous a décidé ?
Ikaz Boi : Ca fait comme tu dis dix ans que l’on est des bons potes, que l’on vient de la même ville. Il y a eu des périodes durant lesquelles on a travaillé ensemble, d’ailleurs le premier track qu’on a sorti ensemble c’était il y a deux ans, Funeral. Et vu qu’on s’entend bien, qu’on fait le même genre de sons, on a continué et finalement c’est devenu un EP.
Donc rien de calculé ?
I.B : Non, c’est vraiment suite à des idées, au fait qu’on soit dans le même label. On a vu Brodinski et Manu (Barron – les deux créateurs de Bromance Records, leur label), et on en a parlé et à tous ça nous a semblé logique en fait.
Et comment s’est déroulée votre rencontre ?
Myth Syzer : Par l’intermédiaire d’un ami proche. On vient d’une petite ville et on faisait tous les deux des instrus donc on a découvert qu’on était deux dans cette même petite ville à faire le même genre de musique. Et on a kiffé nos deux univers, donc voilà comment ça s’est passé
D’après vous, qui ajoute quoi à votre projet ? Quel est le rôle de chacun ?
M.S : On a pas vraiment de rôle particulier, c’est vraiment au feeling, y’a aucun calcul.
I.B : On s’est même pas dit moitié-moitié, ou « toi tu fais le début, moi la fin ».
M.S : Ça peut être du 90% – 10% sur un morceau comme du 50-50, y’a pas de règle. C’est plutôt du tour de rôle: quand y’en a un quoi n’a plus trop d’inspiration, l’autre va venir continuer la track, ajouter sa patte.
On vous associe à beaucoup de comparaisons (hip-hop, trap, future bass) : vous vous sentez proche de quel mouvement ?
I.B : Le hip-hop c’est la première source d’inspiration, on baigne dedans depuis le début. C’est vrai qu’on nous met pas mal dans d’autres cases mais pour n’en citer qu’une, c’est vraiment celle-ci avant tout.
Et de quels artistes ?
M.S : La scène d’Atlanta et celle de Toronto. Que ce soit rap ou beatmaking, c’est vraiment ces deux qui me parlent le plus. On adore aussi les trucs un peu plus calmes et mélodiques comme James Blake, on écoute un peu de tout quand même. On s’inspire de ce que l’on écoute, mais aussi d’autres choses.
Des artistes qui vous ont marqués plus jeunes ?
I.B : Ouais bien sûr ! Déjà on a un artiste en commun, c’est J Dilla qu’on écoutait vachement gamins. Perso c’est le premier album que j’ai écouté, donc ça a été une inspiration sur le long terme, sur la façon de composer aussi.
M.S : Dr Dre aussi ! C’est ça qui nous a agrippé, qui nous a donné envie de faire du son.
Nobody et Timeless : toujours une atmosphère inquiétante. But ou inconscient ?
M.S : Ca se passe au feeling, c’est ce qui est sorti à ce moment là. On n’arrive pas trop à faire des trucs doux ou joyeux, on a toujours composé des mélodies assez sombres. Ca nous touche plus la musique froide, ça reflète aussi la façon dont on vit, on ne saute pas partout tu vois.
Qu’est ce qui a changé pour vous depuis cette signature chez Bromance ?
M.S : Rien n’a changé dans la composition de nos sons, on fait ce qu’on aime, et ils nous acceptent comme ça. Par contre ouais, on est beaucoup plus encadrés, et ça fait du bien, ça permet d’être focalisé uniquement sur la musique, pas sur les mails etc…
Les collaborations avec Hamza et Wicced : comment se sont-elles passées ? D’où vous est venue cette idée ?
M.S : Hamza c’est la famille, on voulait sa patte à lui et on voulait un peu de rap français. Même si c’était pas notre pote, on l’écoutait; c’est vraiment notre artiste fétiche dans le rap français en ce moment. Wicced c’est Ikaz qui a commencé à bosser avec lui grâce à Brodinski qui est connecté avec toute la scène d’Atlanta. Et du coup j’ai mis ma patte sur le titre et on l’a intégré à l’EP.
Et du coup, un autre EP en préparation ?
I.B : Pas pour l’instant, après c’est sûr que l’on va continuer à travailler ensemble, à sortir des tracks de temps en temps mais peut être plus aléatoirement tu vois.
M.S : L’histoire n’est pas finie ! (rires). Non, on pense aussi à un label, mais bon c’est qu’une idée car c’est beaucoup de temps et d’investissement. C’est un truc qui dans le futur pourrait nous intéresser mais bon, faut pas mettre la charrue avant les bœufs.
Une collaboration de rêve pour vous ?
I.B : On aimerait bien plein de choses, on n’en est encore au début même si ça commence à prendre forme. Mais le rêve, ça serait de produire au Etats-Unis, pour les plus grands.
M.S : Future. J’aimerais beaucoup produire pour Future, pour moi c’est l’un des meilleurs.
EP Cerebral (Bromance), enregistré au Red Bull Studio Paris, disponible juste ici.
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