Un kaléidoscope d’influences goûtues, de sacrées chansons,
un son dantesque : sans mièvrerie ni vulgarité, Fields a le potentiel pour faire chavirer les stades.
Ce sont les véritables bijoux de la couronne. On soupçonne la Grande-
Bretagne de planquer un songwriter décent au sein de chaque foyer, de chaque pâté de maison. Mais ils sont aussi trop nombreux à faire de bonnes chansons sans plus. Pour le petit supplément d’âme, le petit mystère qui fait choir un groupe dans l’excellence, on se tournera alors vers Fields.
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Quatre garçons, anglais, une fille, islandaise ; plein de goûts très différents, un alliage impeccable. “On vient tous d’horizons différents. Chacun avec notre background, nos goûts respectifs. Une alchimie s’est formée autour de tout ça. Ce mélange perturbe pas mal de gens, incapables de nous définir. On a parlé de folk-pop, mais d’autres nous ont décrits comme des terroristes du son. Je dirais quant à moi du beige-metal”, se marre le leader Nick Peill. C’est un postmodernisme parfaitement digéré par Fields : la musique populaire est un Rubik’s Cube où chacun s’amuse à recycler des couleurs déjà connues, à les coller les unes aux autres jusqu’à obtenir un mélange original. Le kaléidoscope de Fields est excellent. Des chansons classiques, un son énorme. Des racines pop, des urgences rock, les acidités de My Bloody Valentine et le piment, plus rare, de mélodies lorgnant vers le british folk avec Fairport Convention ou Pentangle, notamment.
Tout a commencé avec un single, le grandiose Songs for the Fields, sonique et épique. Le genre de chanson qui donne envie de courir nu dans l’herbe verte en chialant aux mésanges ou de déclarer brutalement la guerre à l’empire romain. Un premier morceau, une signature indélébile. Les labels se sont étripés à coups de livres sterling, la pression est montée. En signant en Angleterre sur une major, le groupe a compris : il pouvait devenir énorme, Coldplay à la place de Coldplay – mais en foutant de grosses claques à leur mièvrerie. “On voulait, sur l’album, capturer l’essence de notre son live. Pas forcément lourd, mais expansif, atmosphérique. On veut que nos morceaux frappent les gens à l’estomac ; mais aussi conserver une certaine délicatesse, une certaine pureté. Nous écouter doit être une expérience complète, riche.”
Histoire de ne pas faire les choses à moitié, le groupe a choisi Michael Beinhorn, grand spécialiste ès grossièretés (Korn, Marilyn Manson…), pour les produire. Les sessions, à Dublin, furent dures, tendues. Beinhorn a fait le job. Quand il n’a pas poussé la grande Charming the Flames, l’exaltante et shoegazer If You Fail, We All Fail, la méchante The Death ou Songs for the Fields aux portes de l’enfer sonique, il laissait prendre l’air, frais, aux penchants folk de Feathers et aux beautés pop de la très lumineuse Skulls and Flesh and More.
Fields, encore très perfectible mais déjà impressionnant, se traduira donc autant par clé des champs que par champ de mines, par champ d’honneur que par champ de bataille.
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