Les Britanniques Tracey Thorn et Ben Watt ont marqué les années 1980-1990 avec leur pop crève-cœur. Et font, avec l’album “Fuse”, leur grand retour après vingt-quatre ans d’absence. On rembobine.
“Pendant longtemps, travailler ensemble ne nous a absolument pas manqué, et puis, ces dernières années, j’ai commencé à y songer. Je me suis dit que ce serait triste si Ben et moi ne faisions plus de musique ensemble”, explique simplement Tracey Thorn lorsqu’on l’interroge sur les raisons du retour d’Everything but the Girl en 2023, ce duo pas comme les autres qu’elle formait avec son conjoint Ben Watt et qui, vingt-quatre ans après son dernier album Temperamental et l’arrêt du groupe, a décidé de se réunir à nouveau.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
“Comme tout le monde, nous avons vu nos activités mises à l’arrêt par la pandémie et nous en sommes sortis en nous demandant ce que nous allions faire désormais. Continuer comme avant, sortir des albums solo chacun de notre côté, écrire de nouveaux livres ? J’ai eu cette prémonition, en partie liée au fait de vieillir : si nous ne le faisions pas maintenant, nous risquions de ne plus jamais le faire et de le regretter. Forcément, il nous a fallu un certain temps pour nous accorder et être certains que ça allait marcher.”
Retour à la toute fin des années 1970
Tout a commencé à la fin des années 1970, en 1979 plus exactement, lorsque Tracey Thorn, adolescente studieuse de 17 ans grandie dans la banlieue de Londres, achète sa première guitare électrique. Une copie noire de Les Paul du plus bel effet dont elle adore les courbes masculines et avec laquelle celle qui rêve d’être Patti Smith – dont elle écoute en boucle Horses – répète les accords du Rebel Rebel de Bowie.
Subjuguée par l’énergie brute du punk dont elle achète les 45t religieusement, fascinée par les Sex Pistols dont elle ne loupe aucune des apparitions à la télévision, Tracey est une boulimique de culture doublée d’une féministe et d’une antifasciste acharnée. Elle lit Sartre et Camus, George Orwell et Sylvia Plath, Kerouac et D. H. Lawrence.
Elle fréquente aussi assidûment les salles obscures et mélange sa passion pour le punk – The Stranglers, The Clash, Buzzcocks, X-Ray Spex – avec des artistes plus mainstream ou expérimentaux, comme David Essex, Diana Ross, Can ou les Beach Boys, tout en songeant à une carrière de journaliste ou d’enseignante. Très vite, elle adopte un look plus punk, jean slim délavé et tignasse en pétard, écume les concerts locaux pour voir ses groupes préférés, se shoote aux gommes contre la toux riches en codéine et joue dans diverses formations.
Les prestations scéniques des Marine Girls virent souvent en batailles rangées
À l’été 1980, elle décide, avec son amie Gina Hartman au chant et elle à la guitare, toutes deux accompagnées d’une modeste boîte à rythmes, de fonder un groupe : Marine Girls. Elles répètent dans leur chambre, s’inspirent du jeu de guitare complexe de The Durutti Column, de la fougue électrique des Undertones et de la sophistication de Young Marble Giants et commencent à écrire des comptines lo-fi et mélancoliques, minimales et émotionnelles qu’elles placent en compilations sur cassettes. Et se produisent dans des petites salles de concert, des pubs ou des soirées étudiantes.
Mais l’époque, encore engluée dans le punk et les concerts qui pogotent, n’est pas vraiment encline au mélange des genres que Tracey décrit dans son autobiographie (Bedsit Disco Queen: How I Grew Up and Tried to Be a Popstar) comme un mix de “post-punk mélancolique, de ska, de funk, de pop et de groupes de filles comme les Shangri-Las accompagné d’une pincée de provocation”. Les prestations scéniques des Marine Girls virent souvent en batailles rangées au cours desquelles Tracey assène des coups de guitare aux punks défoncés qui lui balancent des oreilles de cochon sanglantes.
Punk en pétard et bohème arty
Elles enregistrent une cassette, A Day by the Sea, distribuée à cinquante exemplaires et vendue à l’arrache, qui leur permet de passer dans l’émission de John Peel, véritable accélérateur de talents sur BBC Radio 1, et d’être repérées par le tout jeune label indépendant Cherry Red Records. Suivront deux albums, Beach Party (1981) et Lazy Ways (1983).
Devenus aujourd’hui cultes, ils vont s’écouler alors à plus de 50 000 exemplaires et leur influence sur la galaxie pop n’est plus à prouver – leurs plus grand·es admirateur·rices se nommant Kurt Cobain, Courtney Love ou James Murphy de LCD Soundsystem. Comme s’en souvient Tracey dans sa bio.
“Quatorze ans après notre séparation, je me suis retrouvée dans l’émission américaine Later… with Jools Holland pour interpréter Protection avec Massive Attack, et Courtney était aussi présente avec son groupe Hole. Elle est venue me voir sur le plateau : ‘Hey, vous êtes Tracey des Marine Girls ! Kurt et moi étions d’immenses fans de votre groupe. Vous savez, avec Hole, on a fait une reprise d’In Love, l’une de vos chansons.’”
Et puis il y a l’amour qui rôde et la rencontre d’une vie. Celle qui va tout changer. Ben Watt, à l’époque, est un jeune garçon élevé dans une famille un poil bohème, plus intello et arty que celle de Tracey. Son père est musicien de jazz et déteste viscéralement la pop ; sa mère, une ancienne comédienne devenue journaliste people de renom.
Une histoire d’amour toute simple
Étudiant dans la même université de la ville de Hull que Tracey, Ben a déjà, lui aussi, un pied dans la musique. Même si ses goûts – Joy Division, Magazine, Wire, Brian Eno, Kevin Coyne ou Robert Wyatt, avec lequel il a sorti un premier mini-album (Summer into Winter, 1982), mais aussi les pointures du jazz qu’il a soigneusement écoutées avec son père – semblent loin de ceux de Tracey.
Signé lui aussi sur Cherry Red, appréciant les Marine Girls qu’il a découvertes en concert, celui qui définit son style comme “du Durutti Column mais avec des chansons” décide d’entrer en contact avec elle en diffusant une annonce via les haut-parleurs de la faculté : “Si Tracey des Marine Girls est dans le bâtiment, peut-elle se présenter à la réception ?” La suite est une histoire vieille comme le monde, une histoire d’amour toute simple.
Tracey et Ben deviennent vite inséparables, tout en étant poussés par leur manager commun à faire de la musique ensemble
Tracey et Ben commencent à répéter, traînent au cinéma et en concert, et deviennent vite inséparables, tout en étant poussés par leur manager commun à faire de la musique ensemble. Comme elle l’écrit dans son journal intime à la date du 19 novembre 1981 : “Mike Alway [fondateur du label Él Records et membre de Cherry Red Records] veut que Ben et moi fassions un single. La face A sera probablement une nouvelle chanson de Ben, et la face B les titres On My Mind et Night and Day. Nous avons décidé de nous appeler Everything but the Girl.”
Avec son nom tiré d’une publicité pour un grand magasin de Hull, le duo, tout en continuant ses projets extérieurs (un album solo, North Marine Drive, pour Ben, un autre, A Distant Shore, pour Tracey, sans compter sa présence au sein des Marine Girls), se fait remarquer avec Night and Day paru en 1982.
Devenir pop star ou rester indé ?
Un premier 45t de trois titres, avec une reprise subtile de Cole Porter (Night and Day), où Everything but the Girl pose les bases de son ADN musical : un mélange mélancolique et dépouillé de bossa nova, de folk et de jazz emporté par un sens de la pop évident, qui jure radicalement avec les guitares débraillées de l’époque et les premiers sautillements de synthés de la new wave. Mais qui trouve son chemin, se positionne en première place des charts et récolte des critiques dithyrambiques, dont une signée du jeune Neil Tennant (futur chanteur des Pet Shop Boys), qui, alors journaliste pour le magazine Smash Hits, écrit qu’il s’agit “d’une reprise exceptionnelle de cet immense classique”.
Le premier succès pour le duo, qui va tout doucement stopper ses activités parallèles, est surtout l’occasion de succomber à la voix exceptionnelle de Tracey, rauque et sourde, puissante et cristalline, comme celle d’une chanteuse de cabaret qui aurait abusé de la cigarette. Un timbre qui fait toute la différence et va devenir la marque de fabrique d’EBTG tout au long de sa carrière.
C’est avec son premier album Eden (1984), orné d’une pochette cartonnée et pastel griffonnée à la main, et ses douze chansons acoustiques, dépouillées et mélancoliques qu’Everything but the Girl va passer du statut de petit groupe indépendant à révélation pop, à sa grande surprise, comme le raconte, dans un éclat de rire, Tracey.
“À l’origine, nous avions juste le projet de faire un single ! Nous étions deux artistes avec des carrières séparées et notre manager nous poussait à enregistrer un morceau ensemble. Ça a été Night and Day, et c’est pour ça qu’on a choisi un nom aussi ridicule qu’Everything but the Girl, parce qu’on ne pensait pas que quarante ans plus tard on devrait l’assumer !”
Une suite de succès et de rendez-vous ratés
La suite de leur carrière est faite de succès et de rendez-vous ratés avec le public, d’interrogations entre devenir des pop stars ou rester un groupe indie, d’albums qui se suivent sans se ressembler. Mais témoignent de l’envie d’explorer sans cesse de nouveaux territoires, d’innover et de prendre des risques, tout en gardant ce qui fait le cœur et la grâce, la magie et l’intemporalité de leur soul futuriste.
De Love Not Money (1985), plus sophistiqué et produit par Robin Millar (Sade) et qui leur ouvre les portes d’un nouveau public, au très symphonique et orchestré Baby, the Stars Shine Bright (1986), d’Idlewild (1988), première incursion du groupe dans le monde de l’électronique avec l’acquisition de sa première boîte à rythmes, à The Language of Life (1990) et Worldwide (1991), deux disques trop clinquants, en passant par le retour au dénuement de ses débuts avec Acoustic (1992), Everything but the Girl déroute son public en refusant d’être rangé dans une seule case.
Chaque album se présentant comme un pas de côté par rapport au précédent, leur versatilité déstabilise jusqu’à leur manager qui veut en faire les nouveaux·elles héros et héroïnes de la scène nu jazz qui cartonne en Angleterre avec Sade, Matt Bianco, The Style Council, Carmel, Working Week ou Blue Rondo à la Turk. Tandis que le couple ne jure que par les Smiths, lui s’énerve lors d’une tournée italienne quand il se fait courser par des fans qui ont confondu Ben Watt avec Matt Bianco !
C’est à la même période, 1992, qu’on diagnostique à Ben le syndrome de Churg et Strauss, alors qu’il vient de fêter ses 29 ans. Une maladie auto-immune rare, pour laquelle il va être hospitalisé plus de trois mois, subir de nombreuses interventions chirurgicales et frôler plusieurs fois la mort.
Pour se voir finalement amputé des deux tiers de ses intestins et imposer une hygiène de vie et un régime alimentaire stricts, à cause d’une immunité affaiblie. C’est pour le couple un choc frontal ainsi qu’une profonde remise en question, d’autant qu’Acoustic est loin d’avoir trouvé le chemin du succès, à l’heure où l’Angleterre carbure à l’ecstasy et se défoule sur l’acid house.
Le tournant électronique
C’est un coup de fil de Massive Attack, proposant à Tracey de chanter sur un morceau de leur deuxième album, l’incroyable Protection (1994), qui va relancer la carrière d’Everything but the Girl, l’encourageant à prendre un tournant plus électronique avec Amplified Heart (1994). Un disque de folk dansant et mélancolique, de deep house évanescente et amoureuse, qui, par le biais d’un remix du single Missing signé du DJ new-yorkais Todd Terry, va faire exploser le destin du groupe en le propulsant, un peu malgré lui, au cœur du dancefloor.
“Ce remix a changé beaucoup de choses en termes de notoriété mais aussi de public, reconnaît Tracey. C’est assez inhabituel d’avoir un tel succès avec un single quand vous sortez des disques depuis plus de dix ans. Nous avions notre public depuis le début des années 1980 et, à partir du milieu de la décennie 1990, est arrivée une tout autre génération qui l’a rejoint. Nous l’avons remarqué lors de nos concerts : il y avait plein de jeunes qui faisaient beaucoup de bruit et voulaient danser alors que notre répertoire est plutôt calme…”
Et Ben de compléter, en riant : “Je me souviens d’une bagarre dans la foule à Portland lors d’un de nos concerts en Amérique. Aux premières loges, il y avait tous nos anciens fans soigneusement assis qui réclamaient les ballades pendant qu’à l’arrière tous les jeunes attendaient Missing. Une partie du public criait ‘Fermez-la !’ pendant que l’autre répondait ‘C’est trop ennuyeux, on veut danser !’”
À partir de cette plongée dans le club, qui n’est pas sans lui rappeler l’excitation, la liberté et l’indépendance de ses débuts, Everything but the Girl va tout remettre à plat, changer ses méthodes de travail, se lancer dans la composition assistée par ordinateur et se passionner pour les rythmes jungle et drum’n’bass qui font alors résonner les soundsystems britanniques.
Tracey mère et Ben DJ
Suivront deux albums, Walking Wounded (1996), son plus gros succès commercial à ce jour, et Temperamental (1999) où sa pop diaphane se marie aux rythmiques breakbeats et house avec brio, alors que, en janvier 1998, le couple vient d’avoir des jumelles nommées Jean et Alfie, suivies d’un fils trois ans plus tard, Blake. Pourtant, malgré le succès et les concerts qui se multiplient, Tracey se met à douter, refuse d’assurer la première partie de la tournée américaine de U2 (Bono est un grand supporter du duo), tout en se disant que sa place est peut-être ailleurs, plus près de ses enfants.
“Je n’ai jamais affirmé que c’était la voie à suivre pour les femmes, tempère-t-elle, je n’ai absolument rien contre celles qui prennent des nounous et partent en tournée. Quand nous avons eu nos jumelles, je me souviens avoir dit à Ben que ça ne changerait rien, qu’on les emmènerait dans le tourbus.
“Ben a eu du mal à accepter l’arrêt d’EBTG car nous venions de sortir Temperamental et le succès était au rendez-vous” Tracey
On a assuré une courte tournée, avec nos deux filles seulement âgées de 18 mois, et ce fut l’enfer. J’avais l’impression de ne pas être une bonne mère parce que j’étais occupée la journée alors qu’elles avaient besoin de moi, et j’avais l’impression de ne pas être une bonne artiste parce que, sur scène, je m’inquiétais pour mes enfants. Ben a eu du mal à accepter l’arrêt d’EBTG car nous venions de sortir Temperamental et le succès était au rendez-vous.
Puis nous avons eu un troisième enfant et il est devenu évident que je devais arrêter. Je n’ai jamais eu l’impression de faire de sacrifices, j’adorais être avec eux, c’était plus intéressant, nouveau et excitant pour moi, à cette période, que de faire des concerts ou de composer de la musique. Quand j’ai annoncé à Ben ma décision d’arrêter, sa réaction a été exemplaire : ‘Parfait, je vais monter un label et vais devenir DJ !’”
Des parcours parallèles
Chose dite, chose aussitôt faite ! Poussé par le producteur Howie B, Ben Watt, grand digger devant l’Éternel, se fait rapidement une place dans le top des meilleurs DJ anglais avec son mélange subtil de drum’n’bass, de garage old-school et de deep house. Il se retrouve à mixer à Coachella, au Sónar ou au Space d’Ibiza avec ses nouveaux amis que sont Ewan Pearson, Charles Webster, Justin Martin ou Radio Slave.
Il lance les célèbres soirées dominicales Lazy Dog, monte son propre label Buzzin’ Fly, sur lequel il sort sous son patronyme quelques bombes dancefloor comme A Stronger Man avec Sananda Maitreya (alias Terence Trent d’Arby) ou Pop a Cap in Yo’ Ass avec Estelle et cofonde, au début des années 2000, deux clubs, Neighbourhood et Cherry Jam, qui vont marquer la scène nocturne londonienne. Pour tout arrêter une quinzaine d’années plus tard.
“J’ai beaucoup aimé cette période de ma vie, ne serait-ce que parce que j’ai énormément appris sur la production” Ben
“J’ai beaucoup aimé cette période de ma vie, ne serait-ce que parce que j’ai énormément appris sur la production, avance-t-il. J’ai dirigé Buzzin’ Fly Records et été DJ et remixeur pendant environ une quinzaine d’années, jusque vers 2010, quand j’ai stoppé le label. C’est à cette époque que l’EDM a commencé à prendre de l’importance.
Je me souviens avoir joué dans des festivals en Amérique et voir ces nouveaux DJ apparaître avec des morceaux trop saturés, durs et mécaniques qui ne m’émouvaient pas. Je me suis dit que si la musique club se dirigeait dans cette voie, je ferais mieux de faire autre chose, comme écrire un livre ou revenir à ma carrière solo. Et puis être DJ est un métier de jeune, et ça me troublait un peu.”
Le retour inespéré
S’ensuivent une dizaine d’années où le duo va multiplier les pas de côté, de l’écriture de romans à son retour à la musique en solo, avec trois albums pour Ben et quatre pour Tracey, où il et elle replongent dans leurs influences et leurs univers respectifs. Des expériences parallèles qui, malgré leurs succès, n’ont pas réussi à avoir raison de la complémentarité de génie qui unit ce couple, ni de son besoin de fusionner de nouveau.
C’est certainement de cette manière qu’il faut comprendre le titre de leur nouvel album, Fuse, comme le confirme Tracey : “C’est une des significations, l’idée de deux choses qui se rassemblent, mais c’est aussi à lire au sens de fusible, de l’étincelle qui déclenche une explosion. Très vite, quand on s’est remis à travailler ensemble, on a senti qu’il se passait quelque chose, comme si on rallumait la mèche et que ça prenait feu !”
Un disque où les machines et la soul, l’organique et le synthétique dansent main dans la main
Moderne sans accumuler les gimmicks de l’époque, fidèle à l’univers délimité par EBTG toutes ces années, Fuse est un grand album, qui, en dix titres, passe de l’euphorie triste (le premier single Nothing Left to Lose) à la mélancolie joyeuse (Run a Red Light), puise ses influences dans l’ambient, l’electronica et le dubstep pour les emmener plus loin.
Un disque où les machines et la soul, l’organique et le synthétique dansent main dans la main et où la voix de Tracey, plus profonde et troublante que jamais, soigneusement filtrée, mise en boucle ou placée en écho, prend des tournures majestueuses. Comme si Ben n’avait construit ces échafaudages fragiles et timides d’électronique, de soul, de respirations et de silences que pour mieux la magnifier pour l’éternité.
Fuse (Buzzin’ Fly Records/Virgin Records/Universal). Sortie le 21 avril.
{"type":"Banniere-Basse"}