“Je rêve de Biarritz en été”, chantait Sébastien Tellier en ouverture grandiose de son troisième album Sexuality, en 2008, l’année où il représenta la France à l’Eurovision. Qui aurait pu parier ou même simplement imaginer à l’époque que cette perspective estivale devienne, douze ans plus tard, une question sanitaire, une projection incertaine, un horizon hypothétique en raison de l’épidémie du Covid-19 qui, depuis deux mois, a bouleversé tous nos comportements, même les plus basiques et anodins comme partir en vacances sur la côte basque ?
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Les ombres de Christophe et Tony Allen
Initialement prévue le 24 avril, la parution du nouvel album de l’inclassable chanteur barbu a été décalée au 29 mai, faisant de Domesticated le premier gros disque attendu d’un printemps irréel enfin déconfiné. En retrouvant Sébastien Tellier dans les locaux de son label Record Makers, ce fut un plaisir doublement partagé d’une interview de visu – fût-elle à distanciation physique respectée –, après des semaines frustrantes de conversations téléphoniques ou de visioconférences.
D’ailleurs, pendant le confinement, on eut l’heur de parler plusieurs fois avec Sébastien Tellier, qui perdit successivement Christophe, le génie un peu dandy dont il avait repris magnifiquement La Dolce Vita en 2006 et avec lequel il entretenait depuis une belle amitié transgénérationnelle, et Tony Allen, le batteur afrobeat de La Ritournelle, son classique intemporel sur lequel nous revenons largement dans notre dossier spécial de vingt-deux pages consacré à celui que l’on surnomma un temps le Sébastien Chabal de la pop française. Deux disparitions qui s’ajoutent au décès accidentel en juin 2019 de Philippe Zdar, le mixeur génial de Politics (2004) et de L’Aventura (2014), deux des plus beaux disques de Sébastien Tellier.
Des nouvelles du Disquaire Day
La sortie digitale et physique de Domesticated, un sixième album espéré depuis six ans, correspond idéalement avec la réouverture des disquaires dans l’Hexagone. Car à l’instar des librairies fermées pendant les cinquante-cinq jours du confinement, on ne s’explique toujours pas pourquoi on pouvait continuer à acheter de la nourriture, mais plus de culture, en l’occurrence des livres, des DVD et des disques. Or, les 350 disquaires indépendants sont un relais essentiel de diffusion de la production musicale française et internationale.
Parmi les conséquences de la crise sanitaire, le Record Store Day, qui devait se dérouler le 18 avril dernier, a été reporté et sera, une fois n’est pas coutume, réparti sur trois jours les 29 août, 26 septembre et 24 octobre prochains. En France, un premier rendez-vous est fixé le 20 juin, veille de la Fête de la musique, pour une journée des Disquaires Days sous l’égide d’un ambassadeur de choix pour cette dixième édition : Etienne Daho, mélomane insatiable et amoureux du vinyle. L’occasion idéale de faire les emplettes chez votre disquaire préféré tout en rêvant à Biarritz en été.
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