Entre Beck et Lily Allen, Blur et The Streets, Esser est l’un des plus passionnants phénomènes pop britanniques de l’année. Il s’explique en interview, et les tubes de son épatant premier album Braveface sont à découvrir en vidéos.
Headlock
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Work it out
Satisfied
I Love You
Headlock (live on MTV)
Sampler en téléchargement à cette adresse.
INTERVIEW
[attachment id=298]Comment te décrirais-tu, psychologiquement, intimement, en tant qu’individu ?
Je ne sors que mon premier album, et un premier album est supposé résumer ce qu’un artiste est. Mais en l’occurrence, ce premier disque est pour moi l’occasion de sortir des choses que j’ai écrites, pour certaines, il y a un bout de temps ; j’ai sans doute pas mal changé depuis. Je sens parfois une sorte de colère adolescente, que je n’ai plus trop. Ou peut-être est-ce un moyen pour moi de porter le regard de l’adulte que je suis devenu sur mes années d’adolescence. Mais après avoir tourné, après avoir vu toutes les choses qu’on a vues en tant que groupe, après nous être développé, je pense pouvoir dire qu’on a beaucoup changé. Quand on est dans un groupe, comme ça, on fait énormément de choses, on voir énormément de choses, et dans un laps de temps assez court ; ça change forcément un peu notre perspective, notre manière d’être.
Et comment comparerais-tu la personne que tu es aujourd’hui à celle que tu étais il y a quelques années ?
Les angles se sont un peu arrondis, sans doute. Le disque a été fait alors que je vivais dans une petite ville, en dehors de Londres, dans l’Essex. Et le disque parle beaucoup de ça. C’est un disque pop, évidemment, mais ça reste quand même quelque chose d’un peu intime, un disque d’introverti. Puis le fait de devoir jouer mes morceaux à des gens, sur scène notamment, m’a obligé à socialiser un peu plus facilement, à me tourner un peu plus vers les autres. Je suis sans doute un peu plus heureux aujourd’hui qu’il y a quelques années.
Et c’est une bonne évolution, ou est-ce que ça peut mettre ton art en danger ?
Non, c’est quelque chose de bon. Je ne suis pas quelqu’un qui a peur de ne plus savoir quoi écrire, et je n’ai pas vraiment besoin de malheur ou de choses sombres pour m’inspirer. J’en écris, c’est tout, autant que je peux, et je me nourris de tout ce qui se passe autour de moi. Je suis donc constamment excité quand des choses nouvelles m’arrivent, quand les choses progressent. La progression, d’ailleurs, est une chose à laquelle je tiens ; et les artistes ont de moins en moins la chance de pouvoir progresser dans leur art, dans leur carrière. Tu fais un disque, très vite, tu enchaînes, tu dois déjà écrire le suivant, tu n’as à peine le temps d’y penser. J’essaie pour ma part de conserver comme objectif permanent d’évoluer, d’être meilleur : je dois écrire un meilleur deuxième album, un meilleur troisième album.
Penses-tu que la scène britannique, en général, regarde vers l’avenir ?
Je pense que ça a beaucoup à voir avec la crise, en général, et celle de l’industrie du disque en particulier. Tout le monde a peur. Ca peut favoriser une certaine forme de créativité, surtout pour la musique : les gens ne devraient plus avoir peur de perdre quoi que ce soit, puisqu’il n’y a plus rien à perdre de toute façon. Mais du côté des labels, cette peur est dramatique : ils ne prennent plus de risque, ne soutiennent plus aussi bien les artistes, jouent souvent une certaine sécurité en n’épaulant correctement que ceux qu’ils pensent pouvoir être de gros vendeurs. On parlait de développement, de progression : elle n’existe pour l’instant presque plus. Plus personne ne peut prendre son temps, personne ne laisse les artistes arriver à maturation, atteindre des territoires neufs, novateurs. Plutôt que de dépenser tout leur argent sur de nouveaux artistes, puis de les laisser tomber assez vite, les labels devraient apprendre la patience et aider ceux qu’ils ont lancés à se développer un peu plus tranquillement. C’est comme ça qu’on accouche de bons albums.
Penses-tu avoir eu de la chance, sur ce point, d’avoir eu un peu de temps pour mûrir ?
Je pense, oui. D’une certaine manière. Quand tu regardes en arrière, tu ne peux t’empêcher d’avoir des regrets, de te dire que tu aurais fait ci ou ça de manière différente. Mais je crois que tu apprends, quoi que tu fasses ; c’est en tout cas ce que j’ai essayé de faire. Il faut apprendre de ses erreurs, et il faut surtout apprendre à ne pas les répéter en permanence. Je suis adepte de la pensée positive, j’essaie toujours d’avancer. Et j’espère que mon prochain album sera beaucoup plus excitant. Je suis content de ce disque, mais je pense que réaliser un premier album est de toute façon assez difficile.
Et ça a été particulièrement difficile, pour toi ?
D’une certaine manière, oui. Mais tu le fais, et tu essaies ensuite de continuer à bouger, tu regardes vers l’avenir. Le deuxième album pourrait être enregistré dans quelques mois, ou s’il est fait dans un an ; ce sera très différent du premier, qui a pris des années à être bouclé et enregistré. C’est quelque chose que je vise : je veux que les choses s’enchaînent, je peux pouvoir avancer assez vite.
Mais cette bougeotte permanente ne peut pas, parfois, se transformer en problème ?
Oui, peut-être. Mais je sais qu’à partir du moment où je trouve les choses faciles à faire, elles ne m’excitent plus du tout. Il faut toujours se provoquer un peu, mais c’est vrai qu’il peut aussi être important de trouver un certain confort dans la manière de faire, dans l’écriture. Ca peut aussi aider à trouver de nouvelles pistes. Au final, je préfère quand même l’inconfort, et je n’aime pas les lignes droites ; je n’ai aucune envie de la facilité, elle m’ennuie. C’est je pense quelque chose de plutôt positif : je sais que je ne referai pas une deuxième fois le même album.
Les choses sont déjà écrites, planifiées, tu sais déjà à quoi ça va ressembler ?
Pas encore totalement. Mais je bosse aussi sur des choses plus électroniques, et j’ai des tas de remixes en chantier…
Ce qui te rapproche de tes influences originelles, le UK garage, le hip hop…
Probablement, oui. J’ai toujours été passionné par le son, par la dynamique sonique, tout autant voire parfois plus que le pur songwriting. Je suis en train de travailler sur cet équilibre entre les deux parties de ce que je fais. Et quand tu enlèves les éléments mélodiques, les paroles, tu dois essayer de rendre ce qui reste, du son pur, le plus intéressant possible. On peut aussi essayer de raconter une histoire avec la seule instrumentation. C’est ce sur quoi je travaille en ce moment.
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