Initié en 2003 par l’incontournable festival néerlandais, qui se déroulera du 18 au 21 janvier 2023 à Groningue, le dispositif ESNS Exchange permet à une sélection d’artistes émergent·es européen·nes d’être programmé·es plus facilement dans des festivals à travers l’Europe entière et au-delà.
“Parmi les plus gros événements, Glastonbury, Roskilde ou encore Coachella, viennent spécialement à Eurosonic pour découvrir les nouveaux talents européens”, s’exclame Robert Meijerink, le directeur artistique du festival Eurosonic, implanté à Groningue, aux Pays-Bas. Chaque mois de janvier, depuis 1986, le rendez-vous défricheur convie plus de 300 jeunes artistes d’Europe ainsi qu’un vaste public, soit environ 40 000 personnes, essentiellement composé de professionnel·les du secteur, programmateur·trices de concerts et festivals en tête.
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ESNS Exchange, un programme d’échange
En parallèle des festivités et des conférences, Eurosonic a lancé, en 2003, le programme ESNS Exchange (anciennement ETEP pour “European Talent Exchange Program”). Soutenue par la Commission européenne, tout comme le festival, cette initiative permet aux groupes européens retenus d’être plus facilement programmés dans des festivals internationaux et de s’offrir une meilleure exposition médiatique. Cette année, la sélection d’ESNS Exchange compte notamment les sales gosses anglais de Yard Act, programmés dans onze festivals grâce à ce dispositif, ainsi que leurs consœurs de Wet Leg, sept programmations au compteur comme les Néerlandais·es d’Altin Gün. C’est aussi l’occasion de retrouver l’étoile montante belge Lous and the Yakuza, la merveilleuse Autrichienne Sofie Royer, l’imparable rappeuse ukrainienne Alyona Alyona, ou encore ce cher duo français, Kids Return.
Un tremplin pour jeunes formations
“Eurosonic est un vrai tremplin pour nous”, confient les deux copains de 25 piges qui ont sorti Forever Melodies, leur premier album, il y a deux mois. Forgé sur scène, Kids Return s’est déjà enfilé une soixantaine de dates internationales cette année et prévoit une escale à la Cigale, à Paris, ainsi qu’une nouvelle tournée américaine pour 2023. Ils poursuivent : “Dans l’Est de l’Europe, où on n’est pas du tout développés, il y a un marché de ouf pour notre musique. Grâce à ESNS Exchange, on sait qu’on peut trouver des dates en Lituanie ou ailleurs. Tout s’accélère.”
Pour concocter la minutieuse sélection d’ESNS Exchange, Robert Meijerink, le boss d’Eurosonic, s’entoure de programmateur·trices de concerts, tout en s’appuyant sur les conseils d’équipes de festivals européens et de radios publiques nationales appartenant au réseau UER (Union Européenne de Radio-télévisée). “Par exemple, en France, on contacte des festivals comme La Route du Rock et on travaille avec Radio France, pour sonder qui seront les prochaines têtes connues du pays”, explique-t-il.
Tournées post-Covid-19 en pleine inflation
À l’heure où les tournées post-Covid-19 s’annoncent moins radieuses que prévu à cause de la forte inflation, qui fait augmenter les coûts de production des concerts et conduit parfois à des annulations, le programme ESNS Exchange s’avère d’autant plus important. Robert Meijerink : “On doit prendre soin des nouveaux talents. Ce programme donne l’opportunité d’utiliser de l’argent pour soutenir les festivals et les artistes. On doit aider les nouveaux musiciens à établir une carrière qui ne se cantonne pas seulement à Eurosonic mais à tous les festivals du monde.”
De leur côté, Adrien Rozé et Clément Savoye de Kids Return, qui n’ont jamais eu peur de prendre la bagnole pour quitter Paris, avaler des kilomètres et donner un concert à l’autre bout de la France, s’estiment “chanceux” : “Aux États-Unis, c’est vraiment la galère. Quand on repense aux dates qu’on a faites là-bas… Tu arrives dans la salle, il n’y a pas d’ingé pour les lumières et il y a encore la pisse du groupe de la veille dans les toilettes, tellement il n’y a pas de budget. Le seul truc cool, c’est qu’au fond d’une salle à San Francisco, sur le mur, tu auras la signature de Julian Casablancas !” balancent-ils en riant. Avant de renchérir : “En France et en Europe, avec l’exemple d’Eurosonic et ESNS Exchange, on a de la chance car il y a énormément de subventions pour la musique.”
La musique post-Brexit
Sans oublier nos camarades britanniques, pris·es dans les carcans du Brexit. Depuis que la Grande-Bretagne a officiellement quitté l’Union Européenne, début 2020, les groupes galèrent entre les obligations de payer des visas pour chaque membre et des taxes pour leur matériel ou encore de passer des heures à la douane. “Même si ça rend les choses complexes pour tout le monde, je pense que cette décision affecte surtout les Britanniques. Mais le rôle d’Eurosonic reste très clair : on accueille toujours des groupes de Grande-Bretagne”, assure Robert Meijerink.
Il embraye (“Je pense qu’il faut faire plus de place à l’Europe face au Brexit”) et nous raconte qu’à une époque, Eurosonic pouvait empiler jusqu’à 25 ou 30 artistes britanniques sur son affiche. Aujourd’hui, avec son dispositif ESNS Exchange, le rendez-vous hivernal de Groningue préfère brasser la diversité de son continent. Depuis 2019, Eurosonic affine sa formule européenne avec ses annuels Music Moves Europe Awards. En même temps que le festival, qui aura lieu entre les 18 et 21 janvier 2023, la cérémonie des MME récompensera 15 jeunes talents européens représentant chacun·e leur pays. La sélection se fonde sur les streams récoltés par les artistes sur des plateformes numériques comme Spotify, Deezer ou YouTube. Mais, de la même manière que ESNS Exchange, elle s’établit aussi à travers les avis d’une centaine de professionnel·les de la musique installé·es en Europe, en particulier des programmateur·trices de concerts et de radios.
Kids Return aux MME Awards
En 2023, c’est (surprise !) Kids Return qui représentera la France aux MME Awards. “C’était, de loin, l’artiste le plus mentionné par nos collaborateur·trices français·es”, confesse Robert Meijerink. Au sein du jury, qui désignera deux gagnant·es le 19 janvier prochain, en plus du prix du public, on retrouve notamment Gemma Bradley de la BBC, Kevin Cole de la radio américaine KEXP ou Cindy Castillo du Mad Cool Festival à Madrid. “Jouer devant des pros, c’est un vrai défi”, lâchent les gars de Kids Return au bout du fil, qui ont déjà joué à Eurosonic pour l’édition numérique de 2022. Avant de conclure : “En fait, il faut leur faire oublier que ce sont des pros. Il faut qu’ils se retrouvent comme des gamins à kiffer ! Là, tu as réussi ton coup.”
Festival Eurosonic, du 18 au 21 janvier à Groningue. Vous pouvez déjà réserver vos billets à cette adresse.
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