Des classiques folk moins réarrangés que dérangés, par un ex-Verve et Blur.
Y aurait-il, dans la climatisation du studio 13 de Damon Albarn, des esprits malicieux qui balancent de bonnes rasades de gaz hilarants, de psychotropes et de fumées roses ? Des esprits qui veillent à ce que la pop ne tourne jamais en rond-rond dans ce studio où Blur, Gorillaz ou, aujourd’hui, Erland & The Carnival ont composé quelques pop-songs rétives aux dogmes et à la discipline.
L’ex-guitariste de The Verve, Simon Tong, y possède ses habitudes, lui qui joua avec Blur et The Good, The Bad And The Queen. Dans cet esprit enjoué et charmeur, il s’attaque avec son groupe à un répertoire qui regroupe aussi bien des classiques du folklore écossais ou anglais que quelques sombres pépites nord-américaines (Leonard Cohen, Jackson C. Frank).
C’est pourtant l’esprit très libre de Bernt Jansch que ressuscite finalement cet album enflammé, qui réussit à gonfler un matériau plutôt austère en quelques palais pop extravagants comme les habitèrent jadis Scott Walker ou, aujourd’hui, The Coral. Car Erland & The Carnival ne se soucie que peu de la doxa et des purismes du folk, lui imposant des arrangements grandiloquents où synthés et guitares lui conseillent gentiment de passer directement de la MJC aux stades. Et le pire, c’est qu’on suit fasciné le mouvement, docilement : normal, le groupe porte des masques de mouton.