Quarante ans après Equinoxe, Jean-Michel Jarre finalise son diptyque avec cet album fascinant, entre espoir et dystopie. Rencontre avec le parrain de l’electro.
Ses expériences sonores ont participé à la création de la musique électronique. Ses gigantesques concerts en plein air ont popularisé l’electro auprès du grand public. Plusieurs générations d’artistes revendiquent son influence en France (Air, Rone, Gesaffelstein…) comme à l’étranger (Julia Holter, M83, Pet Shop Boys…) et il multiplie les collaborations de luxe (avec Gorillaz, Moby, John Carpenter…).
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Jean-Michel Jarre aurait largement de quoi se vanter de s’être forgé une carrière titanesque depuis la fin des années 1960. Il a l’élégance et l’humilité de ne pas le faire. Il pourrait aussi se lasser, à 70 ans, de consacrer autant de temps à la musique, mais sa passion, palpable, inaltérable, reprend toujours le dessus.
« C’est la première fois que je peux dire que je suis satisfait«
“Le studio, c’est à la fois une addiction et une jubilation pour moi, avoue-t-il dans le salon de son appartement parisien. J’ai mis du temps à savoir quand un morceau est fini, d’ailleurs je ne l’ai compris que cette année. Ma maison de disques m’avait donné une date pour terminer Equinoxe Infinity, mais ils se sont ensuite aperçu qu’ils s’étaient trompés, que je disposais d’un mois en plus. Ce temps supplémentaire accordé m’a permis de faire ce que j’avais rarement pu me permettre : peaufiner, transformer. C’est la première fois que je peux dire que je suis satisfait et que je n’en changerais pas une note si j’en avais la possibilité”.
Une nouveau processus de création
Equinoxe Infinity est le second volet d’un diptyque entamé il y a tout juste quarante ans avec Equinoxe. Le visuel de cette pochette iconique – des personnages étranges (les watchers) qui semblent nous scruter – a servi de point de départ pour tout le processus créatif de cet album. Cette nouvelle façon de travailler a nourri l’imaginaire du compositeur. “Cette fois, j’ai eu l’impression de faire la bande-son des visuels de l’album, explique-t-il. Ces créatures, ces watchers, symbolisent l’évolution de la technologie : les machines et leur pouvoir, notamment dans le domaine de l’intelligence artificielle.”
Toujours conçues par Michel Granger (le peintre avait collaboré sur l’album Oxygène en 1976 – ndlr), deux pochettes très différentes sont ici proposées, pour deux visions du futur qui s’opposent : l’une montre un paysage où la nature s’est épanouie, l’autre envisage une atmosphère beaucoup plus sombre, presque apocalyptique.
Pionnier et visionnaire
Les dix morceaux reflètent cette ambivalence, entre des sonorités apaisantes et des passages plus inquiétants. “La science-fiction m’a toujours intéressé : Arthur C. Clarke, Frank Herbert, Asimov, Ray Bradbury… Quand j’ai commencé la musique electro, il n’y avait pas beaucoup de musiciens sur lesquels s’appuyer, donc mes sources d’inspiration venaient beaucoup de la littérature et du cinéma. Cette idée d’imaginer le futur redevient en ce moment un sujet de fantasme.” A la fois pionnier et visionnaire, Jean-Michel Jarre continue ses recherches et donne un aperçu des sons de demain.
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