Donner une place à l’étranger, à cet ailleurs : tel est l’enjeu de Gilgamesh, spectacle conçu au moment de la Guerre du Golfe et qui réunit de jeunes acteurs américains, syriens et français, « pour voir le rêve fou advenir, l’interdit se réaliser« . Entretien avec Pascal Rambert, le géniteur de cette folle épopée.
Que raconte l’épopée de Gilgamesh ?
C’est l’histoire d’un homme qui ne voulait pas mourir : Gilgamesh, roi d’Uruk (aujourd’hui Warka, entre Bassorah et Baghdad) part à la recherche de la vie sans fin. Un homme singulier, un tiers humain, deux tiers divins. Dur envers son peuple, il est poussé par les dieux sur la route pour se trouver lui-même à travers de multiples épreuves, toutes plus savantes, raffinées et cruelles les unes que les autres. Il est accompagné d’Enkidu, son double, son frère, jusqu’à la mort de ce dernier. Fortement éprouvé par cette perte, il va trouver Uta-napisti l’Immortel. Gilgamesh, roi d’Uruk, pour connaître son secret. Suit le récit du déluge dont les circonstances et l’exploit d’Uta-napisti, qui a sauvé les humains du déluge, ne peuvent se répéter. Gilgamesh rentre chez lui, enfin, exercer sa partie : être avec sagesse le roi de la ville dont il avait été, autrefois, le bâtisseur furieux. L’épopée de Gilgamesh, rédigée il y a cinq mille ans, est le plus ancien texte écrit par l’homme que l’on connaisse.
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Quelle forme avez-vous choisie pour présenter Gilgamesh dans son intégralité ?
Comment s’organise-t-on par rapport au chaos ? Il faut trouver un axe ordre-désordre. J’ai choisi de régler la mise en scène à 50 % et de laisser le champ libre aux 50 % restants. Laisser de la place à l’aléatoire, remettre du danger en associant la notion de temps réel à celle d’une représentation classique, écrite de bout en bout. Il en va de même avec le texte, donné en trois langues (syrienne, américaine et française) de façon à le déployer à travers l’écoute développée par chaque acteur.
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