Vénéré par Woodkid, le groupe américain continue de créer des passerelles entre electro symphonique et pop expérimentale.
Explorateur d’un son mutant et mouvant, Son Lux a d’abord été le projet solo du prodige introverti Ryan Lott, avant de devenir depuis quelques années le trio que l’on connaît aujourd’hui, épaulé par deux autres têtes chercheuses, le batteur Ian Chang et le guitariste et compositeur Rafiq Bhatia. Dix ans après un premier album très remarqué, At War with Walls & Mazes, le groupe touche-à-tout a désormais derrière lui un CV impressionnant : remixes en tout genre, musiques de ballets, bandes originales de films, collaborations de choc (notamment avec Lorde et Woodkid), sans oublier le collectif hip-hop Sisyphus, dont Ryan Lott est l’un des trois fondateurs avec Sufjan Stevens et Serengeti.
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Au fil de ses aventures parallèles et de sa propre discographie, Son Lux a su surprendre tout en gardant son envie initiale : mélanger textures électroniques, samples et orchestrations. Impossible de nier que le monde a changé depuis son dernier album, Bones, sorti en 2015. Outre l’arrivée de Trump au pouvoir, Ryan Lott a traversé des périodes de chamboulement personnel avec la naissance de son fils et le décès de son meilleur ami.
Un disque très expressif
On l’a rarement connu aussi expressif que sur Brighter Wounds (“des plaies plus lumineuses”), un cinquième album où il extériorise ses tourments et ses joies. “Je n’aurais pas été honnête si je n’avais pas évoqué les choses qui comptaient le plus pour moi, confie-t-il. Quand une œuvre n’est pas profondément connectée à une vraie expérience humaine, ça ne m’intéresse pas. Pour moi, la musique est très cathartique. Elle a toujours été là pour m’aider quand rien d’autre autour n’avait de sens, quand je me sentais furieux ou abattu. Cet album est le plus autobiographique que j’aie jamais écrit.”
Si le mélange des genres peut parfois déconcerter (sauter de l’electro au post-rock, du jazz au r&b, du cocon intimiste à la grande envolée épique), on salue l’ambition de ces trois savants fous qui font exploser les codes de la pop avec une aisance et une finesse rares. Fil conducteur de cet album sans frontière, la voix touchante de Ryan Lott déploie des merveilles de sensibilité.
“La scène n’est pas notre but ultime”
Reste à savoir comment Son Lux parviendra à adapter ces effets spéciaux en concert. “Quand on prépare un album, explique Ryan Lott, on essaie de ne pas trop penser au live parce que la scène n’est pas notre but ultime. Ce n’est qu’un aspect de notre identité. L’album et le concert devraient être différents : ce sont deux scénarios bien distincts où on ne perçoit pas la musique de la même manière. Pour concevoir notre show, on doit repenser tout l’album, décider de ce que l’on garde. Pour quelqu’un comme moi, qui a toujours envie d’écrire plus, c’est génial : c’est l’occasion d’injecter une nouvelle créativité dans ces chansons.” Porté par cette insatiable soif de composer, Son Lux n’a pas fini de secouer la pop américaine.
En concert : le 15 février à Lyon, le 16 à Nantes, le 18 à Lille et le 19 à la Cigale de Paris.
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