De Umbrella à Work, de son Instagram surchargé à ses multiples coupes de cheveux, Rihanna est devenue une star fascinante, un phénomène musical et médiatique. Sa prochaine venue au Stade de France, le 30 juillet, est l’occasion d’un décryptage.
Le principe voulant qu’une première fois ne s’oublie pas se vérifie largement avec Rihanna. C’était un samedi soir du mois de novembre 2012, au Trianon. La chanteuse aux 54 millions d’albums vendus y donnait un concert semi-privé devant 1200 personnes triées sur le volet (fans, guests, professionnels) à la veille de la sortie de son septième album, le bien nommé Unapologetic (“impénitente”).
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Rihanna avait débarqué au moment même où l’on commençait à douter de sa venue, en cuissardes et robe-T-shirt floquée d’un visage évoquant Bowie époque Ziggy, le crâne rasé d’un côté, les lèvres rouge vif. Hyper belle, hyper charismatique. La salle lui avait immédiatement pardonné ses trois quarts d’heure de retard et avait entrepris de chanter ses morceaux à sa place, smartphones en l’air enclenchés en mode vidéo.
Avec Rihanna, la deuxième fois marque autant que la première
L’originalité avec Rihanna, c’est que la deuxième fois marque autant que la première. C’était deux ans plus tard, au Hard Rock Cafe, sur les grands boulevards parisiens. Une apparition éclair pour une histoire de T-shirt vendu au profit d’une association caritative.
© Instagram @Badgalriri
Après trois heures d’une attente insoutenable, alors que le niveau d’hystérie de ses fans postés sur le trottoir atteignait un seuil critique, Rihanna avait pointé le bout de son nez, moulée dans un ensemble veste et minijupe en cuir, perchée sur des talons vertigineux lacés autour du mollet. Bref, une tenue adaptée à l’endroit.
Sur un plan factuel, il ne s’était rien passé. Tout juste avait-elle glissé quelques mots, lancé quelques œillades et posé, l’air mutin, devant les flashes crépitants de photographes à la langue pendante. Pourtant, tout avait fait sens pour ses fans hardcore, qui donneraient un rein s’il fallait sauver leur idole.
“We’re an army, better yet a navy” Rihanna, “G4L”
Comme Beyoncé a sa “Beyhive”, Taylor Swift ses “Swifties” et Lady Gaga ses “Little Monsters”, Rihanna a ses “Navy”, baptisés ainsi en référence au morceau G4L datant de 2009 dans lequel la star déclare : “We’re an army, better yet a navy” (“Nous sommes une armée, peut-être même la Marine”).
A 15 ans, Rihanna quitte La Barbade pour New York
Il faut plonger dans les yeux brillants des fans pour saisir le pouvoir de Robyn Rihanna Fenty, née le 20 février 1988 et élevée à Bridgetown, capitale de La Barbade, devenue Rihanna, superstar internationale, après avoir auditionné à l’âge de 15 ans devant Evan Rogers et Carl Sturken, deux producteurs américains alors en vacances sur l’île des Caraïbes qui la ramèneront avec eux à New York.
© Instagram @Badgalriri
Treize ans plus tard, Rihanna en est au stade où elle annule sa venue au festival itinérant Lollapalooza, qui devait se tenir en septembre à Bogotá (Colombie), par peur du virus Zika, obligeant les programmateurs à abandonner l’événement, qui n’avait plus de tête d’affiche.
Tout comme Peau d’Ane applique la recette du cake d’amour à la lettre pour en garantir la magie, Rihanna suit le guide du succès pop à la perfection. Résumons-le en deux volets : d’une part, la création incessante de persona, à la manière d’un Bowie qui n’aura eu de cesse de revêtir différentes panoplies pour mieux brouiller les pistes, fabriquer du mystère et ainsi provoquer un désir insatiable. D’autre part, le discours “vrai” : l’assurance pour le public que derrière les images produites pour le divertissement existe bel et bien un être fait de chair et de sang, qu’ils pourront, de temps à autre, avoir l’illusoire impression de saisir.
A 17 ans, Rihanna sort son premier album
Chez Rihanna, il y a donc l’image, ou plutôt les images entre lesquelles on navigue jusqu’à se perdre comme dans un palais des glaces. D’abord celle de ses débuts, en 2005 : la Caribéenne sexy de 17 ans sort un premier album au titre aussi kitsch que sa pochette (Music of the Sun). Son visage s’y étale en gros plan, la bouche rendue XXL sous l’effet d’un gloss rose pâle, les sourcils surépilés, d’immenses créoles dorées émergeant de sa chevelure wavy. Un personnage qu’elle abandonne bien vite pour embrasser celui de la Rebelle, avec un grand R, plus “moderne”.
© Instagram @Badgalriri
Le tournant s’opère en 2007, avec un album au titre évocateur, Good Girl Gone Bad, porté par le single Umbrella, dont le refrain (“Under my umbrella-ella-ella-ey-ey-ey”) colle au cerveau comme du chewing-gum. Dans le clip, Rihanna s’affiche avec un carré noir corbeau aux côtés de Jay Z, qui l’a signée dès sa première audition en 2005 sur son label d’alors, Def Jam.
Rihanna incarne la bad girl badass
Les rumeurs de liaison entre le compagnon et la rivale de Beyoncé vont bon train, et servent si bien la nouvelle image de Rihanna que certains se demandent même si Def Jam n’en serait pas à l’origine. Rihanna incarne la bad girl badass, et se démarque ainsi de Queen Bey, qui, elle, déploie un personnage de combattante workaholic et mère énergique, déesse du XXIe siècle proche du couple Obama, et qui donne de l’esprit à sa pop en faisant de l’afro-féminisme son combat.
Loin de s’ériger en modèle, Rihanna cultive ses failles, son imperfection. Alors qu’en 2009 le site TMZ publie une terrible photo d’elle prise au poste de police après qu’elle a été tabassée par son compagnon de l’époque, Chris Brown, la chanteuse n’embrasse aucun discours, aucune posture, mais multiplie les morceaux contant des histoires d’amour dangereuses : “Tu vas juste rester là à me regarder brûler/Mais ce n’est pas grave car j’aime la façon dont ça me fait mal”, confie-t-elle sur Love the Way You Lie, son duo avec Eminem. En 2011, le clip de We Found Love, aussi dopé que son beat de fête foraine signé Calvin Harris, suit une relation azimutée entre elle et un jeune éphèbe sur fond de rave parties électriques – et d’ecsta.
Brouiller la frontière entre l’image et la réalité
Les images que Rihanna nous projette dans sa caverne platonicienne ont la particularité d’avoir l’air “réalistes”. Sa grande force tient dans sa capacité à brouiller la frontière entre l’image et la réalité, à l’heure où le public cherche désespérément à s’emparer de la vérité dans le grand cirque médiatique alimenté par les réseaux sociaux.
Au moment où Melina Matsoukas, la clippeuse de We Found Love, cherche le partenaire idéal pour donner la réplique à Rihanna, cette dernière lui envoie par SMS : “T’as intérêt à me trouver un mec canon parce que je compte bien faire semblant de le baiser dans tous les coins.” “J’ai donc dû trouver un mec qui l’attirerait réellement car si elle ne l’aimait pas, on était foutus”, raconte la réalisatrice à Pitchfork, en 2011.
Jay Z assurait au Vanity Fair US, en 2015, sur le ton de la confidence storytellée : “Ce qui fait la particularité de Rihanna, au-delà de sa musique, c’est qu’elle est sincèrement elle-même. Les gens connectent avec elle. Vous voyez la vraie version de Rihanna, ses cicatrices, ses défauts. Elle est passée par des trucs que tout le monde a vécu – des relations dysfonctionnelles, des trucs qui se jouent sous les yeux de tous, et elle a réussi à conserver sa vie privée tout en vivant comme une fille de son âge… sans remords.”
Rihanna joue sur la part d’ombre et incarne la célibataire libre
Une femme “unapologetic” donc, du nom de son septième album, pour lequel elle embarque 140 journalistes et fans à bord d’un Boeing 777 pour la suivre dans sept pays durant sept jours, en 2012. A bord, Rihanna sert du champagne et pose avec les pilotes, en bonne copine accessible. Loin d’une Adele ou d’une Taylor Swift dont les récits de cœurs brisés sont d’une navrante mièvrerie, Rihanna joue sur la part d’ombre et incarne la célibataire libre, indépendante, à la sexualité assumée.
En 2010, après s’être teint les cheveux en rouge vif, elle emprunte l’esthétique Technicolor du photographe David LaChapelle (pas très content d’ailleurs) pour le clip S&M, fantasmagorie tordue dans laquelle elle s’adonne au bondage en déclarant : “Je suis peut-être méchante, mais je suis très bonne à ça. Le sexe est dans l’air. Je m’en fiche, j’adore son odeur.” Ça a le mérite d’être clair.
“Ce n’est même pas mon anniversaire, mais il veut lécher le glaçage” Rihanna, “Birthday Cake”
L’année suivante sort l’album Talk That Talk, qui fait dans le sous-entendu X. “Suce mon impudence (…) Je veux que tu sois mon esclave sexuel/ Tout ce que je désire/Je veux que tu sois sous ma coupe/Que tu mettes le feu à mon corps”, déclame-t-elle sur Cockiness. “Ce n’est même pas mon anniversaire/Mais il veut lécher le glaçage/Je sais que tu le veux de la pire des façons/J’ai trop hâte de souffler mes bougies”, lâche-t-elle sur Birthday Cake.
En 2014, celle qui a remporté huit Grammy Awards va chercher son trophée d’icône mode de l’année aux CFDA Awards, nue – à l’exception d’un string couleur chair – sous une robe transparente incrustée de cristaux Swarovski. Les mondes de la musique et de la mode ont le souffle coupé, les magazines people se frottent les mains, et Rihanna jette de l’huile sur le feu en lâchant à Vogue, en mars 2016 : “Vous imaginez cette robe avec un soutif ? Je me serais tranchée les veines. J’ai failli le faire déjà pour avoir porté un string qui ne brillait pas. C’est le seul regret que j’ai dans ma vie.”
La sauvagerie de “Kill Bill” plus que le féminisme de Beyoncé
Un deuxième climax intervient au début du mois de juillet 2015. Alors que la canicule s’abat sur la France et que les esprits s’échauffent, celle que l’on surnomme “Riri” balance le clip de l’année : Bitch Better Have My Money, BBHMM pour les intimes. Un court métrage de sept minutes dans lequel elle kidnappe une riche femme blanche pour faire chanter son mari qui lui doit apparemment un paquet d’argent.
Outrancier, le clip réalisé par les Français de Megaforce la filme en train de se prélasser sur un yacht, de se défoncer en fumant des pétards dans une chambre d’hôtel, puis de tuer la bitch, interprétée par l’acteur danois Mads Mikkelsen. Un beau renversement des rôles qui rappelle plus la sauvagerie de Kill Bill que le féminisme de Beyoncé. A mi-chemin entre le premier et le second degré, BBHMM renvoie l’image d’une fille qui ne se prend pas la tête, loin du formatage robotique et des chorégraphies millimétrées – mais d’un autre temps – d’une Britney Spears.
Dès lors, plus rien ne l’arrête. En février 2016, Rihanna se paie le luxe de ne pas choisir en sortant un clip en deux parties pour Work, son duo avec Drake, son ex qui fait surtout figure de double au masculin. Les ambiances sont différentes, mais l’action reste la même : la chanteuse twerke sur le chanteur, et la fonte des glaces s’accélère.
Rihanna utilise sa plastique démente comme arme pop
Car si Rihanna a un regard de chat sauvage, elle n’hésite pas à mettre en valeur son fessier rebondi. Il n’y a qu’à faire défiler @Badgalriri, son compte Instagram qui affiche plus de 40 millions de followers (elle l’avait fermé quelques mois en 2014 après avoir été censurée pour avoir posté une photo d’elle seins nus), pour s’en convaincre : la Barbadienne assume clairement d’utiliser sa plastique démente comme arme pop et la place au cœur de sa démarche, et carrière, artistique.
Pourtant, le discours n’est ni celui du perfectionnisme, ni celui de la réification sexiste. En affichant volontairement son corps plantureux dans des postures plus actives que passives, elle se pose tout simplement en être désirant. Rihanna nous raconte, en creux, une histoire d’émancipation, celle de la jeune fille filmée en Bikini dans les clips de rap, éternellement mutique, qui aurait mené une petite révolution jusqu’à tenir le haut de l’affiche. Jusqu’à faire entendre sa voix.
“Les femmes se sentent puissantes lorsqu’elles peuvent faire des choses qui sont supposées être réservées aux hommes. Ça casse les frontières, c’est libérateur et c’est valorisant lorsque vous vous dites ‘je peux faire ça moi aussi’”, déclarait-elle à Vogue en mars.
La chanteuse ne serait rien sans sa voix éraillée
Chez Rihanna, l’hypnose vient aussi des cordes vocales. A l’image d’une Marilyn Monroe dont le timbre sucré décuplait la puissance physique, la chanteuse ne serait rien sans sa voix éraillée, irrégulière, fissurée, presque rêche, insolente et agressive. Sans son phrasé bajan (le créole barbadien), aussi, qui transforme la répétition incessante de “work” sur le refrain du morceau du même nom en incantation futuriste, vidant le terme de sa substance, de sa signification pour n’en retenir que la forme, à la fois ronde et tranchante, qu’illustre parfaitement le mélange de douceur et d’ardeur contenu dans le twerk.
A l’origine, “Umbrella” était destinée à Britnay Spears
C’est là le génie de Rihanna, qui n’écrit ni ne compose ses morceaux, mais sait soigneusement les interpréter et leur donner corps. Umbrella est née chez RedZone Entertainment, une boîte de production de musique d’Atlanta. Destinée à l’origine à Britney Spears, elle a été refusée par son management. BBHMM a été écrite par Bibi Bourelly, une Berlinoise de 21 ans domiciliée à L. A., qui a également signé les paroles de Higher et Yeah, I Said It, présentes sur Anti, le très bon dernier album de Rihanna sorti en février. On doit Diamonds (2012) à Sia Furler, épaulée par Tor Erik Hermansen et Mikkel S. Eriksen, duo de producteurs norvégiens répondant au nom de Stargate, qui ont souvent collaboré avec la chanteuse (What’s My Name, Rude Boy, Don’t Stop the Music, c’est eux).
“Elle a prouvé que son instinct était le bon (…) Elle a prouvé à son entourage qu’elle sait de quoi elle parle. Elle ne sait pas forcément le mettre en mots, donc on ne s’assoit pas pour en parler avec elle avant chaque album. Le peu de fois où on l’a fait, ça n’a rien donné, disaient-ils au Hollywood Reporter en 2013. Beaucoup de nos morceaux sont nés ainsi : on lui fait écouter ce qu’on a et elle choisit. Il n’y a aucun intérêt à essayer de la convaincre de faire quelque chose, car elle est profondément indépendante, elle sait ce qu’elle veut, et c’est ce qu’on apprécie.”
Comme beaucoup, Rihanna et ses producteurs ont aussi recours à des writing camps, des sessions au cours desquelles paroliers et compositeurs tentent d’accoucher du meilleur hit. C’est ainsi que Rated R a vu le jour en 2009. Dans The Song Machine (2015), John Seabrook, journaliste au New Yorker et spécialiste de pop culture, raconte que “les producteurs et compositeurs les plus talentueux ont été convoqués à L. A. pendant deux semaines, et installés dans des studios autour de la ville”, créant ainsi “une usine à tubes éphémère”.
L’artiste-caméléon s’inscrit dans un mouvement perpétuel
Une méthode que Seabrook a baptisé le “track and hook” (“le beat et les mélodies”), et dont il attribue la paternité aux producteurs de reggae jamaïcains, “qui créaient un beat et invitaient dix aspirants chanteurs à improviser par-dessus”. “Il est désormais courant pour un producteur d’envoyer le même beat à plusieurs compositeurs, parfois jusqu’à cinquante, et de choisir la meilleure mélodie parmi les propositions finales.”
Si ses détracteurs y voient un argument pour prouver la vacuité d’une certaine pop mainstream, d’autres s’interrogent sur la composition impressionniste que dessine Rihanna en ayant recours à ce type de méthode. Changeant de style musical aussi vite que de coupe de cheveux, l’artiste-caméléon s’inscrit dans un mouvement perpétuel qui lui garantit de rester dans le game.
“Je peux comprendre à quel point ça doit être dur d’aimer une fille comme moi” Rihanna, “Famous” (Kanye West)
Sans surprise, c’est elle qui introduit de sa voix féline le subversif Famous de Kanye West en lâchant : “Mec, je peux comprendre à quel point ça doit être dur d’aimer une fille comme moi.” Sans surprise non plus, elle compte parmi les personnalités immortalisées nues dans le clip accompagnant le morceau. Si la plupart d’entre elles – Trump, Taylor Swift – sont des doublures ou des mannequins de cire, le doute plane autour de Rihanna : et si c’était vraiment elle ?
Riri reste un mystère. De ceux que l’on s’acharne à vouloir percer. Peut-être parce que ses tubes naviguent étrangement entre le beau et le ringard, résonnent dans les pires clubs du monde comme dans les salons des quartiers gentrifiés.
“‘Diamonds’ est un tube parfait”
Les Kills ont repris Desperado, Kaytranada a remixé Kiss It Better. Elle signe la chanson officielle et insipide du blockbuster Star Trek: Beyond (sortie le 22 juillet), et glisse une cover de Tame Impala, Same Ol’Mistakes, sur Anti. “C’est elle qui gérait tout le truc, a raconté Kevin Parker, leader du groupe, à MTV en février, elle voulait juste faire quelque chose avec le morceau, mais ne savait pas trop quoi. Je lui ai donc envoyé des fragments, puis j’ai découvert le produit final, assemblé sur Anti, en même temps que tout le monde. C’était assez irréel.”
En 2014, le management de Rihanna cède les droits de Diamonds à la réalisatrice française Céline Sciamma, qui en fait le personnage principal d’une des scènes de Bande de filles, sans jamais rencontrer la star. “C’est à la fois le tube d’un été et un classique instantané. C’est un hymne parfait, qui fonctionne quand on l’entend à 100000 dans un stade ou quand on l’écoute à deux dans une chambre. Les paroles sont très simples mais très touchantes”, nous expliquait-elle à la sortie du film. En acceptant de poser sa voix, son nom sur Diamonds, Rihanna avait-elle conscience de la superbe métaphore d’elle-même qu’elle s’offrait ?
Comme la brillance du diamant relève moins d’un procédé magique que physique (la réfraction de la lumière), l’image étincelante que nous renvoie la star cache des formules musico-mathématiques, un travail de titan et une connaissance précise des rouages de la pop. Le diamant n’en reste pas moins fascinant.
Rihanna en douze tubes
1/ Diamonds (Unapologetic, 2012)
Avec son beat lourdingue, son refrain ultrarépétitif et son clip où des chevaux se cabrent, Diamonds avait tout pour passer à la trappe. Perdu. La simplicité de sa structure couplée à la voix écorchée d’une Rihanna jouant la fille brisée en font un hit bouleversant.
2/ Bitch Better Have My Money (Anti, 2016)
Martyrisé par le timbre nasillard d’une Rihanna qui semble avoir fumé 2-3 pétards, BBHMM a l’agressivité orgasmique. Surtout qu’elle flirte ici avec le second degré dans un pastiche de clip gangsta où des mecs se la jouent sur des yachts.
3/ Work (ft. Drake) (Anti, 2016)
A la fois hyper agaçant et complètement obsédant, ce duo intervertit les stéréotypes de genre : à Rihanna la frontalité cavalière, à Drake la douceur passive. Pouce levé pour la punchline “Si t’avais une jumelle, je te choisirais quand même”.
4/ Kiss It Better (Anti, 2016)
Avec son solo de guitare qui n’aurait pas dépareillé dans un épisode d’Hartley, cœurs à vif et ses paroles bourrées de sous-entendus (mais qu’est-ce qu’elle veut qu’on embrasse mieux au juste, hein ?!), Kiss It Better colle des frissons dans le bas-ventre. Bah ouais.
5/ Take Care (Take Care de Drake, 2011) ex æquo avec Famous (The Life of Pablo de Kanye West, 2016)
Ou comment Rihanna transcende deux morceaux qui ne sont pas les siens en faisant de furtives mais puissantes apparitions.
7/ Pour It up (Unapologetic, 2012)
Ceux qui reprochent à ce bon vieux Pour It up de se vautrer dans la vulgarité oublient un peu vite que Rihanna prend un malin plaisir à s’approprier les clichés du rap masculin : le beat brumeux, les strip-teaseuses et la thune. S’en moque-t-elle ? A la voir twerker dans l’eau en perruque blanche dans le clip, on en mettrait notre main à couper.
8/ Cockiness (Talk That Talk, 2011)
La traduction d’une relation sexuelle en musique. D’une voix carrément sensuelle, tantôt aiguë et mutine, tantôt grave et chaude, Rihanna use et abuse des références au cunnilingus.
9/ Umbrella (ft. Jay Z) (Good Girl Gone Bad, 2007) ex æquo avec Pon de Replay (Music of the Sun, 2005)
Neuf ans après sa sortie, Umbrella a conservé la force du tube indélébile. La façon dont Rihanna martèle les syllabes du refrain évoque de sexuels coups de reins. Le bassin est aussi bien présent sur Pon de Replay, qui surfe sur la vague dancehall à une époque où Sean Paul était à moitié cool.
11/ What’s My Name (ft. Drake) (Loud, 2010)
Serions-nous un brin sentimentaux ou cette ballade sur laquelle les voix de Drake et Riri se répondent, dans un jeu amoureux d’éloignement et de rapprochement, nous arracherait-elle une petite larme ? Un slow des années 2010 savamment martyrisé par un beat r’n’b.
12/ We Found Love (ft. Calvin Harris) (Talk That Talk, 2011)
Un tube qui aurait presque pu naître dans une boîte d’Europe de l’Est au début des années 2000, s’il n’y avait ce mariage explosif entre la voix écorchée de Rihanna et l’EDM psychotropé de Calvin Harris. Pas besoin de MDMA, hein.
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