A l’occasion du Vill Vill Vest, on est allés découvrir la scène musicale de cette petite ville de Norvège. Et on a franchement pas été déçu, tant elle regorge de pépites.
« A Bergen, il pleut tout le temps. Mais vraiment tout le temps. Du coup, on ne peut pas traîner dehors. Et forcément, les jeunes n’ont rien à faire à part jouer de la musique. » Pål Vindenes, membre du groupe Kakkmaddafakka (souvenez-vous de Restless, ce mini-tube d’indie-pop) tient un verre de vin blanc à la main, et il n’arrête pas d’interrompre son discours en saluant les gens qui arrivent. On est au Muskedunder, bar branché de la petite ville de Norvège, et QG des musiciens locaux. La première soirée du Vill Vill Vest vient de se terminer, et pour être honnête, on ne s’attendait pas du tout à une telle émulsion musicale.
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La grosse promesse Moyka
Ici, tout le monde semble se connaître, tous les musiciens de la ville collaborent les uns avec les autres. Et il faudrait dix pages pour établir une liste exhaustive du nombre de projets et de connexions qui existent. Soyez sereins, on vous évitera ça. Mais une chose est certaine : Bergen respire la musique, comme le démontre l’un des premiers concerts de la journée du vendredi. Alors qu’on arrive dans la salle du Ostre un peu par hasard, en traînant nos guêtres sous la pluie, Moyka arrive sur scène. Tout de noir vêtus, quatre musiciens entourent Monika Engeseth, jeune femme de 21 ans. Le show commence par quelques notes de synthé mélancoliques, et immédiatement, c’est une claque. Si sa manageuse nous apprend un peu plus tard qu’il s’agit de son premier concert, la chanteuse semble complètement à son aise. Elle chante divinement bien, a des manières naturelles de pop-star (sans en faire trop) et sa pop organique, aussi sombre que frontale, ne laisse absolument personne indifférent.
Dans la salle, chacun est conquis, frappé par la rythmique martiale qui enveloppe ces mélodies aux allures de tubes. Et en la voyant sur scène, c’est une quasi-évidence. Moyka fera beaucoup parler d’elle une fois qu’elle aura sorti autre chose que la (très très jolie) démo de Colder sur Soundcloud.
Dans un tout autre registre, le show de Safario est également assez cool. Le jeune rappeur de 18 ans déchaîne les kids de Bergen, tandis que les plus âgés préfèrent taper du pieds sur la pop psyché d’Orions Belte. On retourne ensuite au Muskedunder boire une bière aux cotés de Svein Berge, moitié de Röyskopp, qui se prépare à faire une conférence le lendemain. Là, on apprend que Boy Pablo jouera le samedi pour une soirée du collectif Lekk. Inutile de vous dire que la nouvelle est reçue avec beaucoup d’enthousiasme, tant son concert à Paris nous avait déjà convaincu. On va donc se coucher avant la journée du lendemain, qui, outre une visite au musée pour contempler les toiles de Munch, s’annonce chargée en concerts.
Une église, des hot-dogs et Boy Pablo
Cette dernière commence bien avec le concert de Jez_ebel. On connaissait déjà la jeune musicienne grâce aux chaines de bedroom pop, sur Youtube, et aux algorithmes soundcloud. Et son concert est vraiment très chouette. Seule sur scène, elle chante ou rappe sur des boucles pré-enregistrées, devant un écran diffusant des animés japonais. Ses chansons, qui sentent bon la solitude des chambres adolescentes, prennent toute leur ampleur en live.
Suivra ensuite le groupe FInding Neo et sa pop aqueuse. La formation respire le bonheur de jouer ensemble et sonne – c’est un peu malheureux – bien mieux en live qu’en studio. Tous les musiciens sont excellents (mention spéciale au guitariste et aux solos du claviériste sur son Moog) et on espère que leurs compos finiront par trouver une vraie résonance en terme de production.
A l’inverse, le show d’Eirik Aas, dans le bar-bunker d’Hulen, est un peu décevant et répétitif. Pourtant, son clip de Knust Glass promettait de belles choses ; mais le jeune rappeur ne profite pas d’un très bon son. On passe ensuite du coté de Pish, nouveau groupe de Pål Vindenes (l’homme qui nous parlait de la pluie norvégienne). Chouette surprise : les pop-songs du groupe, remplies de mélancolie solaire, sont vraiment très jolies. En témoigne Crime, qui suit ces quelques lignes :
Le temps de manger un hot-dog à coté des joyeux drilles de Boy Pablo, et on part se coucher. C’en est fini du Vill Vill Vest, mais le groupe mené par Nicolas Pablo Munoz joue le lendemain. Et c’est donc avec impatience qu’on se dirige vers la salle du Landmark. On y est accueillis par la psych-pop de Young Dreams, groupe mené par Mattias Tellez. Le jeune homme d’origine chilienne est l’un des producteurs les plus en vue de Bergen, et on vous conseille fortement de vous pencher sur son cas. On fait un petit tour vers la pop ouvragée de Shikoswe, et un homme vient nous parler pour nous proposer une pause, et nous faire visiter son église. D’abord dubitatifs face à cette proposition incongrue, on découvre là-bas un grand salon, un choeur transformé en petite salle de concert et un studio d’enregistrement mis à disposition de tous les jeunes de la ville. Le projet valait franchement le détour, et la peine d’être mentionné.
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De retour au Landmark, c’est le tour des rockstars de la soirée. Les garçons de Boy Pablo enchainent leurs tubes, font un peu n’importe quoi sur scène, finissent torses nus, checkent leurs potes et récoltent les acclamations du public.
Le temps d’aller enchaîner quelques pas de danse maladroits du coté du set de trance que nous avait promis Pål Vindenes, et c’est déjà le moment de partir. Bergen, d’ordinaire très calme, s’est transformée en véritable ville de fête. Sur le port et la grande place, on a de cesse que de croiser des groupes de gens enivrés, riant aux éclats et se goinfrant de parts de pizza. Puis, comme un signe, des torrents de pluie se remettent à tomber, et chacun court se mettre à l’abri entre quatre murs.
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