Des chansons adoucies secouées par le magma: bienvenue en Auvergne
La mèche est crâneuse, retombe sur un visage d’angelot anxieux et rageur – elle est reliée à la poudre. Tout en morgue et en exorbitantes accélérations, le rock de Quidam est à l’image de son Auvergne: sous la douceur et la rondeur
des formes, le magma guette encore. Il explose régulièrement, dans ce rock qui étend ses refrains à la tempête et brandit le poing même quand le propos ne le
justifie pas forcément, réduisant, comme chez Luke parfois, Bertrand Cantat à une statue, à un statut.
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Chanteur excédé mais mélodiste séduisant, Yannick Demaison sait que la vengeance, comme la colère, se mange froide : l’enfance, pourtant proche, reste un champ de mine sur lequel se construisent ces chansons exaltées et malsaines mais bizarrement toujours pop. Car ce n’est pas vraiment une habitude française, plutôt très américaine, de hurler ainsi un rock écorché tout en soignant amoureusement ses refrains.
Hüsker Dü, Nirvana ou les Pixies ont ouvert à Quidam cette possibilité d’oxymores : la brutalité sensible, la mélodie déchiquetée, le romantisme voyou, McCartney sur barbelé. Quidam, adolescent sur le fond (minet) et la forme (minée), joue ainsi avec le feu, risque de s’empêtrer dans l’emphase de son âge, mais reste trop affolé et inquiet pour s’admirer dans le miroir, caresser son nombril.
Aux concours des élégances, des uniformes et des bienséances qu’impose le bébé-bobo rock, Quidam a été recalé, hué : ongles sales, langue salopée, attitude de teigne, prolo comme on sait l’être chez les dandys cogneurs de Manchester ou Liverpool. Il y a là une autenthique, et donc forcément maladroite, urgence de dire, de brûler les étapes et la vie par les deux bouts.
Le sang bouillonne dans ces hymnes déjà prêts pour les stades,mais une chanson résume la coolitude distante, morveuse et désinvolte des Auvergnats :
De sang froid.
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