Avec ”Last Night a Woman Saved My Life”, le natif de Beyrouth interroge son lien au Liban dans une œuvre somptueuse et hybride qui fait appel à son passé, réel et fantasmé.
Depuis la parution de Temperance (2017), dont le premier chapitre avait été récompensé d’une Victoire de la musique en 2018, Dominique Dalcan persiste dans son travail collaboratif, que ce soit avec la designer Matali Crasset, le céramiste Frédérick Gautier ou des femmes libanaises à qui il donnait la parole dans l’exposition multimédia Last Night a Woman Saved My Life en 2020.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Un terreau idéal pour le nouvel album du natif de Beyrouth, adopté bébé par un couple français : “Le lien avec le Liban, c’est de témoigner, explique-t-il. De réfléchir sur les thèmes de l’installation comme du disque : l’exil, le domicile, l’identité individuelle qui devient collective avec le rôle de la femme, en particulier dans le monde arabe.”
Les enthousiasmantes apparitions de Souad Massi ou Hend Zouari
Ce rôle résonne fort au long de ces onze titres partagés avec des artistes féminines et où Dominique Dalcan, fidèle à ses habitudes, se joue des structures et des textures. Pour exemples, le premier single tubesque Loin de ma terre avec la diva franco-algérienne Souad Massi et un bouleversant Mon cœur est solitaire en duo avec la chanteuse tunisienne et joueuse de qanun (cithare orientale) Hend Zouari.
“Travailler uniquement avec des femmes, c’est le cœur du projet. L’injonction du groupe dans la culture orientale est dominée par l’homme. J’imagine que mon adoption est la résultante de cette position masculine…, confie Dalcan. Avec ces voix iconiques, je recherche le son d’une source maternelle. Une manière de retourner à l’origine !”
”Quelles sont les frontières d’un corps et d’un pays ?” s’interroge Dalcan
C’est dans cet esprit qu’il valorise ses interlocutrices, de la musicienne égyptienne Dina El Wedidi pour le somptueux Un lien entre nous à la Marocaine Meryem Aboulouafa sur la poésie ouateuse de J’irai partout. “On retrouve la notion du territoire abandonné, parfois inaccessible, intrigant toujours, commente Dalcan. Il me semble que la dimension féministe y fait écho. Quelles sont les frontières d’un corps et d’un pays ?”
Un répertoire ancestral à la lumière de sonorités (post) modernes
Ici, il s’agit d’éclairer un répertoire ancestral à la lumière de sonorités (post) modernes, nourries de synthétiseurs et de beats impériaux : “Je me suis laissé guider par mes envies en évitant le plus possible l’orientalisme. Je voulais capturer l’essence du chant classique arabe pour le replacer dans mon contexte intime. Last Night… est un objet pluriel qui fait appel à mon passé, réel et fantasmé.”
Et s’avère être une parfaite synthèse du corpus de Dominique Dalcan, tant du point de vue sémantique que sonore, l’organique croisant le fer avec l’électronique.
Last Night a Woman Saved My Life (Ostinato/Kuroneko). Sortie le 3 novembre.
Concert le 6 décembre à l’Institut du Monde Arabe, Paris.
{"type":"Banniere-Basse"}