Légère jusqu’au brûmeux, une musique qui se glisse sous les fenêtres
C’est un des plus flagrant oxymores de ce siècle : associer le mot “Elephant” à cette musique vaporeuse, d’une légèreté confinant au spectral – est-ce du folk lunaire, de l’électro primale ? Une musique composée à même l’hiver, où l’on entend distinctement les chûtes de flocons sur la fenêtre, le grésil qui carillonne, le givre qui tintinnabule. Inutile de préciser, donc, que le titre de l’album, Emotional Power, enfonce des portes béantes, tant cette musique ne s’adresse qu’aux frissons, comblés de tant de soins, de tendresse, de patience. Vétérans de l’électronique française, Lucie Dehli et Stephan Ink (anciens Vicious Circle et View) ont donc mis près de vingt ans pour patiemment, méticuleusemernt, obsessivement éliminer de leur musique tout le superflu, le clinquant, l’inutile, le bavard. Un lent et douloureux processus qui, aujourd’hi, débouche – entre autres chansons enchantées – sur Fur Bible, une merveille éternelle, sans âge et sans religion, fervente et contemplative, qui accompagnera une grande partie des frimas en les enveloppant avec bonté de coton, de laine et de taffetas. Cette chanson, à elle seule, aussi obsédante que les ballades infernales de Julee Cruise, Vashti Buynan ou Portishead, réchauffe à elle seule la planète, en l’enrobant de glace.
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