Bercy était plein à craquer pour recevoir le phénomène Eminem, qu’on attendait de pieds fermes, curieux de voir à quoi allait bien pouvoir ressembler sur scène le fameux et sulfureux Marshall Mathers LP, et surtout son auteur blondin dégénéré.
On ne sait tellement plus sur quel pied danser avec cette crapule d’Eminem, qu’il fallait aller faire mardi soir un tour du côté Bercy pour voir l’animal se débattre en concert, et surtout voir quelle tête aurait sur scène le redoutable Marshall Mathers LP, seul témoin à décharge dans cette désormais trop fameuse affaire Eminem.
Premier constat, si le phénomène Eminem affole tout le monde, il déplace surtout des adolescents boutonneux, venus en masse s’engouffrer dans un Bercy plein à craquer, et endroit idéal pour se gaver du show du blondin dégénéré. Car c’est bien d’un show qu’il s’agit, un show plouc à souhait : avec écrans géants, mise en scène téléphonée, laïus minables et interminables, et provocation calibrée (Eminem nous gobera une vraie-fausse ecstasy devant un parterre de gamins fascinés). Une guignolade finalement pas si éloignée de celles de ces nouilles de Britney Spears et Christina Aguilera, pourtant têtes de turcs attitrées de l’andouille de Detroit. On verra même, au moment du méga-tube Stan, ici poussif et expédié, resurgir des briquets allumés et haut levés, qu’on pensait bel et bien disparus depuis la fin de l’ère Bruel.
Et le Marshall Mathers LP, dans tout ça ? Complètement noyé, enfoui sous ce déballage de camelote white-trash (sur scène, on s’enfile les uns les autres avec des énormes pénis gonflables, on lâche du fuck à la pelle, et on sodomise un nounours’ « Chan-mé« , dira Kevin, 16 ans et demi ).
On sautillera bien sûr un peu sur les singles : The Real Slim Shady, qui ferait peut-être bien danser un militant averti de la Ligue des Droits de l’homme, ou encore sur The Way I am et Criminal, plutôt bien hurlés par la bête.
Mais jamais on ne retrouvera l’esprit du Marshall Mathers LP, disque sulfureux, schizophrène et torturé, passé et repassé en boucle sur la platine depuis le début l’été. A Bercy, il n’y avait ni Marshall Mathers ni Slim Shady, mais simplement Eminem, produit marketing douteux pour patate de canapé.