Mort le 21 octobre 2003, le songwriter américain a laissé une trace indélébile dans le paysage musical, avec cinq albums au compteur qui sont autant de phares dans la nuit. Sa voix d’or résonne toujours.
Sa musique nous accompagne tellement qu’on n’a pas vu le temps passer. Il y a vingt ans, le 21 octobre 2003, Elliott Smith disparaissait tragiquement à 34 ans, de deux coups de couteau dans la poitrine, sans que les circonstances de sa mort ne soient jamais totalement élucidées (suicide ou conséquences fatales d’une dispute avec sa girlfriend de l’époque). Ce jour-là, le chanteur natif du Nebraska rejoignait la longue liste des artistes parti·es trop tôt (Kurt Cobain et Amy Winehouse à 27 ans, Jeff Buckley à 31, pour ne citer que quelques exemples contemporains).
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Cela dit, à l’aune des déclarations d’Elliott Smith, l’issue semblait déjà écrite depuis des lustres : “Je m’entraîne à être seul et méprisé, à être écrabouillé par le futur. Si je me prépare, je ne serai pas déçu. Ce n’est pas du pessimisme, je sais ce qui va m’arriver et je ne me plains pas”, se confiait-il ainsi dans les colonnes des Inrockuptibles en 1998, l’année de parution de son quatrième album et chef-d’œuvre absolu, XO.
Un écorché vif, fois timide et obstiné
Cette année-là aussi, beaucoup découvrirent le nom d’Elliott Smith à travers sa chanson Miss Misery, écrite et composée pour le film Will Hunting de Gus Van Sant, qui fut même nommée aux Oscars. Une hérésie totale pour l’intéressé, qui concourait alors dans la même catégorie que Céline Dion pour le morceau-titre de Titanic.
La vie d’Elliott Smith aura filé comme un bateau ivre et sans dérive – entre addictions diverses, dépression tenace et mal-être suicidaire. Mais comme son compatriote Mark Linkous, qui aura tristement aussi mal fini que lui (en se tirant une balle dans la poitrine), ce songwriter d’exception a signé quelques-unes des plus belles et tourneboulantes chansons des années 1990 : Ballad of Big Nothing, Between the Bars, Waltz #2 ou encore Everything Means Nothing to Me.
Entre 1994 et 2000, Elliott Smith a enregistré cinq albums dont la profondeur, la sincérité et la grâce nous touchent aujourd’hui comme hier. Parmi les fois où l’on a eu l’heur de l’applaudir, on se souvient particulièrement d’un concert dans une Boule Noire plutôt clairsemée un soir d’avril 2000 (l’année de Figure 8, l’ultime et grandiose album paru de son vivant).
En bon écorché vif à la fois timide et obstiné, il livrait une performance inoubliable, à filer la chair de poule aux oreilles les plus insensibles. À l’instar de la photographie prise par Renaud Monfourny en 1998 à Brooklyn, Elliott Smith semble ailleurs, comme définitivement perdu dans ses pensées noires. “Comme il résidait chez une connaissance commune, j’avais rendez-vous avec lui devant l’entrée de l’immeuble, se souvient notre photographe. C’était une rencontre détendue, mais peu bavarde à cause de sa timidité.”
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