Un mois après la sortie de son premier album, retour sur le parcours de Ella Mai, la jeune artiste britannique qui remet le R’n’B au goût du jour.
Ce n’est un secret pour personne, la scène R’n’B féminine vit une renaissance incontestable depuis quelques années, et les artistes qu’elle dévoile de jour en jour charment par leur sensualité et leur fraîcheur. De Jorja Smith à Kali Uchis en passant par H.E.R, ces talentueuses artistes bouleversent cette scène avec audace et génie, entraînant dans leur sillage toute une génération de jeunes femmes, telle une marée.
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Il y en a une qui pourtant nage à contre-courant, avec force et grâce : Ella Mai. A seulement 23 ans, elle a sorti en octobre dernier un album qui casse les codes du R’n’B contemporain, créant ainsi une brèche dans son évolution actuelle en marquant un retour aux sources. Posant sa voix vibrante telle une douce nostalgie sur des sonorités propres à celles des années 90s/2000s, elle fait ainsi revivre à sa manière ce type de musique un peu fanée avec le temps.
Ella Mai par Ella Mai
Ella Mai, c’est le journal intime, l’exutoire d’une jeune femme qui aime, souffre et guérit sur le son d’un synthé, de basses et de claps. Certains dénonceront un cliché dépassé, mais la réalité est toute autre : l’image est ravissante, voire plus, elle est délicieuse. Comment ne pas se laisser charmer par la candeur de la chanteuse, qui contraste tant avec la maturité de sa voix et de son style.
Dans son album, Ella Mai jongle d’une facilité déconcertante avec les tons. Elle le prouve dans des chansons comme Dangerous, où, entre rap et chant, elle laisse sa voix traverser les octaves, des graves jusqu’aux aigus, rappelant la maîtrise des plus grandes divas de l’âge d’or du R’n’B. Comparée à ces dernières, elle n’a pas non plus à rougir de sa rythmique, contrôlant parfaitement ses tempos et jouant habilement avec eux dans des chansons comme Trip.
Des collaborations prestigieuses
Ses collaborations, peu nombreuses mais habilement choisies, prouvent qu’elle sait s’établir de manière pertinente dans une atmosphère. Dans Whatchamacallit, elle est accompagnée Chris Brown et se mêle à son univers d’amours interdits et de transgressions. Avec John Legend, elle célèbre une passion entière et totale dans Everything, thème récurent dans le répertoire du musicien américain. Et, finalement, accompagnée de la jeune et talentueuse H.E.R. dans Gut Feeling, Mai s’émancipe et décide de suivre son intuition.
Son album, qui a connu un succès fulgurant également grâce à d’autres petites pépites comme Sauce, a été certifié disque d’or fin octobre aux États-Unis. Si aujourd’hui Ella Mai continue de s’imposer dans le Billboard’s hot 100, sa percée dans l’univers musical n’a pas toujours été aussi certaine. Et pour cause : Boo’d up, le single qui l’a révélée aux yeux du grand public, n’a explosé qu’un an après sa sortie.
Repérée sur les réseaux sociaux
Née à Londres d’un père irlandais et d’une mère jamaïcaine, Ella Mai a grandi bercée par Lauryn Hill et Missy Elliott, chantant régulièrement à l’église avec sa grand-mère et jouant dans de nombreuses productions musicales de la Colour House Theatre School de Londres. Après avoir déménagé et vécu à New York pendant 5 ans, elle rentre à Londres à 18 ans et participe à X-Factor aux côtés d’Arize, un trio qu’elle a formé avec deux autres jeunes filles. Cette expérience s’est soldée par un échec. Elle rebondit cependant et se lance sur Instagram, où elle poste des covers de R’n’B et de rap, dont la reprise très remarquée de 679 de Fetty Wap. Son charme fait rapidement effet et lui vaut d’être relayée par TheShadeRoom, plateforme de divertissement aux 14 millions d’abonnés sur Instagram qui couvre l’actualité des stars. Ce compte lui offre la visibilité nécessaire pour être repérée par son producteur actuel DJ Mustard.
https://www.instagram.com/p/3tjwHJt0i_/?taken-by=ellamai
DJ Mustard, Dijon McFarlane de son vrai nom, a déjà travaillé avec des grands noms de la musique tels que Rihanna, Tinashe, Tyga ou Big Sean. Devinant l’immense potentiel de la jeune chanteuse, il suit son instinct et lui propose directement de signer un contrat avec son label 10 Summers records. Une preuve de confiance qui surprend alors grandement la chanteuse, comme elle l’a confié à Rolling Stone :
« Je n’avais encore rien sorti, il s’est juste basé sur mes reprises sur Instagram ».
Embarquée dans cette aventure qui se promettait renversante, elle découvre rapidement que le travail nécessaire à la production d’un album est extrêmement épineux. N’en démordant pas, elle dévoile deux EP dès 2016 : Time et Change, avec des titres accrocheurs comme Lay Up ou A Thousand Times, dont le style avait déjà annoncé la couleur de ses futurs projets. En février 2017, elle sort son 3e EP Ready. Ce n’est pourtant qu’à partir du printemps 2018 qu’une des chansons de ce dernier EP connait un réel succès : Boo’d Up, plus d’un an après sa sortie, a explosé le classement Billboard’s Hot 100 pour terminer à la 5e place. Le titre fut même remixé par Cardi B et Quavo en juillet dernier, contribuant à la croissance de sa notoriété.
Ella Mai, les péripéties d’un envol éblouissant
Cette dernière année, témoin de la montée en puissance de ce jeune talent, lui a permis de confirmer son potentiel avec la sortie de son premier album. À la fois au sommet des charts et loyale à l’héritage du R’n’B des années 90s/2000s, Ella Mai semble elle-même surprise de son ascension. Comme elle l’explique à Billboard, elle justifie son succès par un soudain regain d’intérêt pour le R’n’B, genre qu’elle a toujours chéri pour sa sincérité :
« Je pense que beaucoup de gens étaient persuadés que le R’n’B était mort, et je ne comprends vraiment pas comment ils ont pu penser ça. Pour moi, c’est le meilleur genre de musique au monde. Chacun ses goûts, évidemment, mais le R’n’B parle de l’amour de manière honnête et fidèle à la réalité. Le R’n’B ne tourne pas autour du pot. »
Depuis la sortie de son album, les projets n’en finissent pas de fleurir autour de la jeune chanteuse : remarquée notamment sur la BO de Creed II, aux côtés de Pharrell Williams, Kendrick Lamar et A$AP Rocky, elle commencera en janvier 2019 une tournée mondiale, et passera à Paris le 14 janvier au YOYO (Palais de Tokyo) pour y offrir un show qui s’annonce, on l’espère, à la hauteur de son talent.
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