Après l’acteur césarisé Niels, la fratrie Schneider dévoile son benjamin, Aliocha. Un compositeur folk flamboyant, digne héritier d’Elliott Smith.
Adoubé par les festivals prescripteurs (Bars en Trans, Printemps de Bourges, MaMa), le Franco-Canadien Aliocha Schneider se prépare à entrer dans la cour des grands avec un premier album aussi incandescent et sincère que son précédent ep, et à l’image de son personnage. Avec Eleven Songs, il signe à la fois une œuvre de jeunesse – certains titres ayant plus de six ans –, mais tourne également une page, celle des premières fois et des révérences à ses héros, les intemporels Bob Dylan et John Lennon. Il y délivre une musique fidèle à celle de son cœur : “Je ne l’ai pas écrit comme un hommage. Quand tu fais de la musique, tu joues ce que tu as envie d’entendre.”
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Entre Elliott Smith et Nick Drake
Aliocha y salue aussi avec brio la beat generation, dans des chansons d’une simplicité désarmante, courtes et laissant place aux imperfections. “Enregistrées parfois en une seule prise”, on y entend la voix qui se dérobe ou une piste qui craque comme un vinyle poussiéreux. Sans filtre et en prenant soin de conserver ses fêlures.
Pour retranscrire cette atmosphère un brin vintage qui lui est si chère, Aliocha a fait appel au producteur Samy Osta (Feu! Chatterton, La Femme, Rover). Ensemble, ils s’envolent pour un studio de Göteborg, en Suède. Samy capte avec soin les influences sixties du songwriter, mais aussi un folk déchirant à la Elliott Smith ou Nick Drake. En binôme, ils enregistrent la majorité des instruments sur bandes, y invitent un clavier (Sarah) et une vieille douze cordes, le tout “parfois en une seule prise et utilisant la console sur laquelle David Bowie a enregistré Heroes !”
Fils d’un professeur de théâtre et d’une mannequin, Aliocha Schneider commence sa carrière vers 10 ans, dans un feuilleton québécois pour ados. Il suit les pas de ses frères Volodia, Vassili, Niels et Vadim (tragiquement disparu dans un accident), et enchaîne des rôles sur grand et petit écran, même sur les planches, avant de se découvrir une passion pour la musique.
Elégant et hors du temps
A 17 ans, cet autodidacte est rapidement adopté par l’artiste québécois Jean Leloup, une rencontre clé qui va lui permettre d’enregistrer des maquettes dans un vrai studio et en compagnie d’un groupe confirmé, les Last Assassins, un souvenir “hyper intimidant” mais formateur.
Gagnant en caractère au fil des ans et des tournées, Aliocha dévoile un ouvrage folk élégant et hors du temps, avec quelques sursauts plus rocailleux (Crystal Plane). Et si ses mélodies mélo évitent à tout prix une noirceur spleenante, il n’hésite pas non plus à mettre son message, parfois engagé, au premier plan grâce à une voix délicieusement chancelante. En réaction à un monde qui ne tourne plus bien rond, il signe ainsi la mélodie poignante Mr. Gardner, inspiré du décès d’un homme noir sous les coups des policiers à New York en 2014.
Il s’engage également contre la montée des extrêmes avec Virtue, qu’il dédie fréquemment à Donald Trump ou Marine Le Pen – tout dépend de quel côté de l’Atlantique le concert a lieu. Plus intime, il évoque la dépression d’un de ses amis sur Jamie, quand As Good as You et Milky Way sont des lettres à peine voilées à son défunt frère aîné : “C’est vrai que j’ai fait exprès de les déguiser, par pudeur.” Et histoire de confirmer le talent de la famille Schneider, c’est son grand frère Volodia qui l’accompagne désormais sur ses tournées, un batteur émérite passé par le Cirque du Soleil. Une histoire de famille qui n’a pas fini de nous éblouir.
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