Moins lubrique mais pas encore sage, un SNOOP en forme, entouré de prestigieux producteurs.
Snoop Dogg s’est assagi. Sa dernière arrestation pour possession d’armes remonte à septembre, il apparaît dans un show où il joue le bon père de famille et son neuvième album, Ego Trippin, est annoncé comme un hommage à ses artistes préférés, un retour aux sources, à la source : Long Beach, Californie. Le premier extrait Sensual Seduction, morceau néo-romantique par excellence – produit par le très prometteur Shawty Redd –, où Snoop imite le pionnier Roger Troutman (du groupe Zapp) à coups de vocoder et de petits mouvements du bassin dans l’incroyable clip, confirmait d’ailleurs bien cette tendance. La maturité ? Non, la maturité est certainement la pire insulte pour caractériser un album rap. Il y a quelques mois, Ludacris avait fait le coup en arrêtant de parler de filles, de poulets et de bières, et on s’ennuyait comme dans un épisode de Drôles de dames sans les drôles de dames.
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Snoop Dogg, pour sa part, sur Ego Trippin, est moitié mature, moitié gangsta. On passe allègrement de punchlines comme “If you grew up with my music your mom is one of my hoes” (“Si tu as grandi avec ma musique, alors ta mère est une de mes putes”) à des morceaux où Snoop parle de sa femme et de sa retraite à Miami (Can’t Say Goodbye). Les titres slow-jam d’amour qu’on écoute chez soi avec des lumières tamisées se retrouvent ainsi mêlés à des sons pour les barbecues à l’ancienne et même à un titre hommage à Johnny Cash (My Medicine).
Le tout forme un ensemble paradoxalement cohérent. Cette nostalgie futuriste se révèle encore plus efficace au niveau des productions. Les parties disco-soul-vocoder sont assurées par le légendaire producteur de new-jack, Teddy Riley ; les parties plus g-funk par DJ Quik (qui aurait pu être Dr Dre si Dr Dre n’avait pas existé) ; et les morceaux pour se frotter dans les clubs (Sets up ; Staxxx in My Jeans) sont le fait de Pharrell Williams ou de Rick Rock.
Au final, Ego Trippin est sûrement le meilleur album de Snoop depuis Tha Last Meal (2000), mais laisse néanmoins un léger goût amer de Hennessy dans la bouche de ceux qui s’attendaient à un retour aux sources plus marqué, avec notamment Dre à la prod et des samples p-funk grillés comme une paire de Reebok dans une soirée zouk. Alors que les premiers albums de Snoop s’écoutaient très fort dans une Cadillac en faisant des petits coucous aux filles dans la rue, Ego Trippin s’écoute en Range Rover, finition ronce de noyer en rentrant du travail avant d’inviter sa secrétaire dans un deux étoiles. La maturité ?
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