Edwyn Colins n’est pas devenu star, il est né star. Simplement, jusqu’à cette inespérée récompense d’aujourd’hui, seul lui manquait un firmament. Il y avait quelque chose de triste, ces dernières années, lors des innombrables concerts qu’Edwyn Colins donna en France pour la même poignée d’irréductibles, tellement sa gueule d’amour et son allure d’éternel teddy-boy semblaient […]
Edwyn Colins n’est pas devenu star, il est né star. Simplement, jusqu’à cette inespérée récompense d’aujourd’hui, seul lui manquait un firmament. Il y avait quelque chose de triste, ces dernières années, lors des innombrables concerts qu’Edwyn Colins donna en France pour la même poignée d’irréductibles, tellement sa gueule d’amour et son allure d’éternel teddy-boy semblaient étrangères à ces salles miteuses. Et cette voix, que l’on jurait taillée pour les palais omnisports et qui s’épuisait dans les vestiaires. Et ces chansons’ Depuis Orange Juice, il a composé autant de hits potentiels qu’il a manqué de rendez-vous. Bref, il n’a fait que ça.
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En 79, n’importe qui aurait pu parier sans trop se mouiller sur ces ados de Glasgow: ils avaient la fougue et l’élégance, les mélodies et le panache, paraissaient les mieux lotis d’une génération à laquelle les eighties gloutonnes lançaient des oeillades. Leurs cinq premiers singles, enregistrés sur le label Postcard, furent les plus douces vignettes d’un album de famille – Aztec Camera, Go-Betweens Josef K, – qui demeurera honteusement confiné au grenier de l’histoire. Ostrich churchyard, le premier album, verra son sort suspendu au transfert du groupe chez Polydor et ne sortira que dix ans après. Le premier album officiel sera finalement You can’t bide your love forever (81).
Malgré les efforts de la multinationale enfin conquise, il ratera magistralement le coche. Impuissant, Edwyn Colins verra déifier des Lloyd Cole, des Scritti Politti, des Prefab Sprout, tous partis après lui, mais dont il n’épousera jamais l’échappée. Ni Rip it up (82, un petit top 10 et puis s’en va), ni Texas fever (83), ni Orange juice (84) ne corrigeront cette trajectoire désespérément vouée au cul-de-sac. Orange Juice consommé, Colins mettra quatre ans à retrouver le goût suave de cette pop teintée de soul qu’il dispersera dès lors en solo.
Encore une fois, Hope and despair (89) et Hellbent on compromise (90) finiront aux oubliettes. Reconverti dans la production – Divine Comedy, Frank & Walters -, il se laisse une dernière fois tenter fin 94 et publie Gorgeous George à l’attention des ses douze fans éparpillés sur le globe. La suite, on la connaît: grâce à A Girl like you, les douze sont devenus plusieurs centaines de milliers. Deux septennats durant, Colins aura donc trimbalé sans faillir un charisme d’étoile et des chansons en or à l’attention du plus grand nombre, aura rêvé de devenir Bowie ou Al Green et n aura récolté que des strapontins. A 35 ans passés, il décroche enfin le gros lot. Ou le prix de consolation.
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