La suspicion qui accueille dans les médias français les Palma Violets, en concert cette semaine à Paris, était prévisible, voire réglementaire. Edito de JD Beauvallet.
On a beau être habitué au phénomène, depuis des décennies, l’accueil réservé par une partie des critiques rock de France au premier album des Palma Violets reste assez choquant : on se soucie beaucoup de musique ici, et c’est pour ça qu’on fredonne souvent, entre ses dents, cette phrase parfaite du Hallelujah de Leonard Cohen : “But you don’t really care for music, do you?”
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Privilégier le bon mot au mot juste, se positionner au lieu de donner un avis sincère, rejeter la nouveauté comme fatalement suspecte, imaginer en toute paranoïa des hypes et des coups montés partout (et particulièrement quand le groupe vient d’Angleterre) : pas beau. Ils ont vendu du fish & chips à Thatcher ou quoi ?
Ce cynisme réglementaire est aujourd’hui aussi prévisible et navrant que les commentaires à culs lourds et la rancune rance réservés aux Anglais par les petits papes de l’Ovalie. Le plus étonnant reste que ceux qui aujourd’hui vénèrent, par exemple, les Libertines, les appelant même à la barre de leurs procès d’intention contre les Palma Violets, étaient sans doute déjà les premiers à fustiger leur premier album : il n’y avait pas beaucoup de rock-critics dans la salle quand Les Inrocks ont offert leur premier concert français aux Libertines au Divan du Monde.
Il est bien sûr plus drôle dans sa chambrette et plus gratifiant en société, plus facile aussi de dédaigner et mépriser un jeune groupe débutant que de maintenir sa curiosité en éveil. Plus facile de postillonner de l’acide sur une chronique résumable à un tweet que d’argumenter. Le plus navrant restant que des jeunes gens aussi habités, naïfs, vibrants, sincères, parfois jusqu’au bouleversant, que les Palma Violets soient à ce point suspectés, avant même qu’on leur accorde une chance sur scène ou sur disque. Cette justice expéditive humilie plus les juges que leurs suspects.
Concerts : le 5 avril à Paris (Flèche d’Or), le 12 juin à Paris (Trabendo)
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