Iggy Pop, accompagné de ses Stooges, sort un nouvel album. Mais pourquoi, alors, on s’en fout ?
Avant, l’annonce de la sortie d’un album d’Iggy Pop était synonyme d’excitation fébrile et d’une jouissance mauvaise : l’Iguane bâté allait encore choquer le bourgeois en vociférant dans le poste et en y ondulant dangereusement.
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Mais ça, c’était avant. Parce qu’en fait de provocateur ultime, Iggy est devenu un gros Gérard, pas beaucoup moins boursouflé que l’autre ; du genre à se faire immortaliser lesté d’une ceinture d’explosifs pour les besoins de sa prochaine livraison, subtilement intitulée Ready to Die, avec ce qu’il reste des Stooges.
A propos de titre, un indicateur sensible aurait dû nous mettre la puce à l’oreille : depuis le milieu des années 80, chez Pop, le taux de fuck off attitude est inversement proportionnel à la dérision contenue dans l’intitulé de ses albums. De l’onomatopée ambiance “plus rien à foutre” de Blah Blah Blah (album du come-back de 1986) à l’autoproclamation ronflante d’American Caesar de 1993, il y a comme un fossé.
Vingt ans plus tard, chacune de ses apparitions relève du non-événement, condamnée en moins de temps qu’il ne faut pour dire “punk” à la fosse commune des bacs des soldeurs… La faute aux pubs tous azimuts, aux Préliminaires avec Michel Houellebecq ou au coïtus interruptus que constitua Après, album de reprises en français, avec le spécialiste du déstockage et des sorties de pistes Vente-Privée.com.
Véronique Genest ayant décidé d’entrer en politique, à quand le mannequinat pour le jambon Madrange ? A 66 balais, Pop a tout du tonton vaguement embarrassant dont on finirait par espérer, ainsi ceinturé, qu’il mette ses menaces à exécution. Iggy, te souviens-tu qu’à une époque tu étais l’expression pure et dure de la controverse lorsque tu posais à poil pour Gerard Malanga ? Kamikaze, my ass.
Photo : Sophie Howarth
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