Elections en vue : la chasse au bruit est ouverte, avec les bars rock en ligne de mire.
Les élections municipales arrivent et c’est une très mauvaise nouvelle pour le rock’n’roll. Car on ne connaît guère plus pleutre qu’un élu face à la vindicte d’administrés qui voient en chaque bar rock ou techno un foyer d’agitation pour blousons noirs drogués – et encore, ils n’ont pas croisé les hipsters barbus, car là, ils envisageraient un complot salafiste. Des petits vieux paisibles, durs de la feuille quand il s’agit de regarder TF1, sont ainsi capables de détecter une batterie à des kilomètres, convoquant sur-le-champ les forces armées. Depuis qu’on a expatrié les salles rock subventionnées vers des parkings de la périphérie dont les supermarchés ne voulaient pas, les centres sont en voie de silencification. Le collectif Bar-Bars (bar-bars.com), qui conseille et défend les bars musicaux, s’en alarme, évoquant des cas de harcèlement hystérique de petites salles par la puissance publique. Il va donc être difficile, en 2013, de monter les amplis à 11. Entre limitateurs de bruits ingérables et cahiers des charges de plus en plus durs à appliquer, l’avenir est morose pour les bouges louches. La France n’est pas isolée : l’Angleterre, un comble pour un pays si riche en salles, a baissé les bras face au lobby des pantouflards. Les riverains de Hyde Park, l’été dernier, avaient obtenu que Blur joue tellement bas que l’on pouvait entendre les oiseaux gazouiller aux derniers rangs. Et la légendaire salle de l’Union Chapel, qui a vu passer depuis plus d’un siècle Patti Smith, Elton John ou Noel Gallagher, est à son tour menacée, depuis l’autorisation accordée par la municipalité locale de construire une centaine d’appartements de luxe à ses côtés. Bientôt, il faudra s’enfoncer dans les forêts pour, en cachette, hurler « Faites plus de bruit ! »
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