Brouillant les genres, empruntant autant à la pop qu’au punk, adressant un beau fuck à l’establishment, les fous furieux de Queen Zee débouleront de Liverpool jeudi 22 novembre pour un concert au Inrocks Festival à la Gaité Lyrique (Paris, 3e), qui s’annonce d’ores et déjà d’anthologie. Pour réserver vos places, c’est par ici.
« Ce sont des gens étranges originaires de Liverpool. Je ne voudrais pas dire qu’ils sont sales, ils ont l’air un peu bizarres, mais ils déchirent tout. » Ainsi Iggy Pop parlait-il de Queen Zee en ce début d’année. Depuis, l’excellent trio Dream Wife les a embarqués en première partie de sa tournée britannique, après les avoir rencontrés au Printemps de Bourges cette année. De cette tournée qui a pris fin le 31 octobre au célèbre club Koko de Londres, la chanteuse transgenre de Queen Zeen, Zena Davine, dit :
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
« Ça a été incroyable. L’apathie semble être à la mode au Royaume-Uni en ce moment, des tonnes de déchets gris composés de mecs dégingandés qui chantent sur rien. C’est minimaliste au point qu’il n’y ait plus de contenu. Dream Wife c’est tout le contraire, et j’aime penser que les gens disent la même chose de Queen Zee. Cette tournée a été remplie de couleurs, de vibrations, d’énergies et d’esprit. »
Effectivement, Queen Zee partage la même énergie rock puissante, furieuse, sautillante, enjouée, grand sourire et positivité. Les Queen Zee n’ont rien de morose. Leur glam-punk-core est aussi éclatant qu’éclaté, guitares explosives, maquillés ou plutôt barbouillés, fesses dehors… de jeunes punk queer mêlant habilement le rose et le noir avec l’insolence du doigt d’honneur.
Il faut bien entendu commencer par leur single, Sass or Die (« du culot ou la mort »). “I wanna do it for the rest of my life, I wanna do it, just sass or die » hurlent-ils en choeur sur des guitares rappelant celles de My Bloody Valentine (Only Shallow, notamment) comme la brume de The Horrors. Mais la voix est ailleurs, dans une diatribe à la Rocky Horror Picture Show, à la Cramps, à la Ramones, folle d’insolence et d’egotrip. Le clip suit Zena Davine en string et chapeau de cowboy roses, poussant la porte d’un pub où l’attendent une bande de bikers de cuir vêtu. Mais voilà, tout le monde sourit et la fête bat son plein, Zena Davine au tambourin, les autres aux guitares et batterie, des filles en short de cuir et crop-top dansant à en perdre leurs voutes plantaire.
« Un jour, je suis allé voir un groupe de hardcore baptisé Gay For Johnny Depp avec mon père, et c’était un concert si intense que ça a retenu mon attention. Depuis j’ai toujours recherché l’art qui me donne ce genre de ‘Wow, c’est quoi ce putain de truc ?’ Et c’est ce à quoi je veux que mes créations ressemblent » racontait Zena Davine au magazine Dork en octobre. Bingo, ses morceaux ne laissent pas indifférents, barbouillés d’eyeliner et de rouge à lèvres, outranciers mais écrits, carrés, évitant l’écueil du chaos et du désordre non préparé. Sans surprise, côté coup de coeur, Zena Davine cite Ho99o9, et précise : « Je suis estomaqué de les voir ouvrir pour The Prodigy ».
Ho99o9 nous avait, nous aussi, estomaqué lors de leur passage au festival des Inrocks à La Gaité Lyrique en 2017, duo de rap-punkcore n’hésitant pas à se mettre torse nu ou revêtir une robe à crinolines histoire d’abattre les stéréotypes de genres. Si Queen Zee ne figure pas encore en première partie de The Prodigy, ils reprenaient Fire Starter lors de leur tout premier concert. C’était en 2015 au Drop The Dumbulls, à Liverpool. Queen Zee s’appelait encore Queen Zee and The Sasstones, comptait trois membres et avait livré 15 minutes de show électriques, avant de détruire leurs instruments en hurlant. Entre temps, le groupe s’est rebaptisé Queen Zee, compte désormais cinq membres, dont deux de la formation originelle, Zee et Em Dee, plus Frankie French à la basse, Lily Bit Furious à la batterie, et Courtney Hate au clavier et choeurs. A propos de leur musique, la leadeuse Queen Zee déclarait à Bido Lito ! qui consacrait un très long portrait au groupe en 2017 :
« Il doit y avoir ce moment d’adrénaline qui te fait dresser les cheveux derrière la tête, qui te donne envie de te lever et de te battre, de danser, de faire l’amour et de boire trop d’alcool. Tant de groupes échouent à ça et se contentent d’errer, tandis que nous – groupe qui adorons le punk, le hardcore et le metal – nous aimons ce moment précis. Tu l’as avec skepta, avec la trap, avec le ska. Je crois que c’est LCD Soundsystem qui disait que l’on devrait être dans un groupe de punk avant d’être dj. Si tu écoutes Queen Zee, tu verras qu’on adore le climax, la rupture et le crochet (le « hook »), et que tous nos morceaux ont un refrain : ils n’ont pas tous des couplets mais ils ont tous un refrain. »
Queen Zee a commencé en mode DIY, enregistrant des démos dans une chambre avec des micros volés. « Jusqu’à aujourd’hui, même si nous avons un manager, nous faisons nos visuels, nous mixons nos morceaux, nous gérons les vidéos, nous collons nos costumes jusqu’au petit matin. Je crois que c’est toujours DIY, non plus par besoin mais parce que nous sommes obsédés par cet état d’esprit. »
https://www.youtube.com/watch?v=oeMbRObRkco
Impossible, les concernant, de ne pas penser à leurs compères londoniens de HMLTD, féru aux aussi de glam-punk et de déconstruction des cases, d’abattage des normes et des barrières aussi bien musicales que culturelles, sociétales que genrées. « La scène drag et LGBT est si implantée dans la scène dance et club qu’elle croise rarement le chemin de la scène heavy et punk. Nous ne sommes pas vraiment punk, ni vraiment pop. Nous ne sommes pas vraiment drag mais nous ne sommes pas vraiment pas drag. Nous avons donc naturellement trouvé notre propre monde. Nous pouvons jouer avec tout le monde, des drag queens aux groupes de death metal » déclarait encore Queen Zee à Bido Lito! Un « ni, ni » qui n’a rien d’ennuyeux ni de mollasson, de politiquement correct ni d’hésitant. Plutôt un parti pris férocement et joyeusement politique pour l’éclate et la liberté. Bref, pour la fête. Un premier album est attendu le 8 février 2019 avant une petite tournée britannique.
En concert le jeudi 22 novembre 2018 au festival des Inrocks à La Gaité Lyrique (Paris, 3e) avec Fontaines D.C, Touts et John Grant. Pour réserver vos places, c’est par ici.
{"type":"Banniere-Basse"}