Evan Mast prolonge l’héritage de son duo sans s’y limiter : il y a de l’expérimentation et une quête d’inédit sur ce deuxième album en équilibre entre pop et IDM.
À l’écoute du premier album de Ratatat en 2004, l’amour et la dette du duo envers Daft Punk, Led Zeppelin ou Kraftwerk semblaient évidents. Depuis, on a appris que les New-Yorkais étaient bien plus qu’une version moderne de toutes ces formations influentes. On a surtout compris que la rencontre avec Agustin White avait permis à Ratatat d’explorer d’autres territoires, ce dernier développant un projet avec chacun des membres : Kunzite aux côtés de Mike Stroud, Abuela auprès d’Evan Mast.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
C’est pourtant en solo, sous le pseudonyme E.VAX, déjà utilisé au début des années 2000, que ce dernier se présente avec un second LP, qui prend au pied de la lettre le terme “IDM” : tout ici trahit une envie de donner vie à des morceaux impeccablement ciselés, qui masquent derrière leur évident savoir-faire mélodique un attrait pour les collisions sonores, entre l’electronica et l’ambient, le rock et la techno, les textures luxuriantes et le minimalisme. À la différence près que l’on danse ici le corps alangui, la tête en l’air, l’esprit apaisé par ces mélodies qui font triompher la douceur et la rêverie.
>> À lire aussi :
Une volonté de dessiner des mondes oniriques
Il y a quelque chose de profondément fantasmagorique dans ces douze instrumentaux, semblables à la BO d’un road movie réalisée par Brian Eno et Aphex Twin. L’idée, c’est une évidence, n’est donc pas de s’appuyer sur des petits tubes électroniques aux BPM taillés pour les clubs. What about You, Rabindra, Karst : tous ces titres témoignent au contraire d’une volonté de dessiner des mondes oniriques qui rappellent au passage la passion de Ratatat pour Pete Drake ou Santo and Johnny. L’influence est toujours présente ici par bribes, offrant à l’auditeur·trice un voyage dans le temps aux côtés d’un musicien qui se garde toutefois de toute nostalgie.
Il suffit pour cela de rappeler son CV, notamment ses collaborations avec Kanye West, Kid Cudi ou Teyena Taylor, d’écouter le travail effectué sur les basses, aussi arrondies que ces bassins qu’elles souhaitent voir se dandiner. On se dit alors qu’Evan Mast a parfaitement saisi ce que doit être la pop music en 2021, y compris dans sa forme instrumentale : une hybridation et une transformation d’autres formes, une succession d’emprunts et de déclinaisons voués à flirter avec l’efficacité immédiate.
E.VAX (Perfect Branch/Because). Sortie le 17 septembre.
{"type":"Banniere-Basse"}