DJ et producteur inspiré de Cypress Hill, constructeur de paysages léthargiques qui ont valu au groupe une jolie poignée de disques de platine, il a, depuis le tout premier album de la formation en 1990, semé quantité de graines fécondes et essaimé bon nombre de copistes. Et si ça ne suffisait pas, Soul Assassins (son […]
DJ et producteur inspiré de Cypress Hill, constructeur de paysages léthargiques qui ont valu au groupe une jolie poignée de disques de platine, il a, depuis le tout premier album de la formation en 1990, semé quantité de graines fécondes et essaimé bon nombre de copistes. Et si ça ne suffisait pas, Soul Assassins (son projet parallèle de gangsta-rap) ou sa collaboration avec Tricky, le temps de l’album Juxtapose en 1999, suffiraient à l’inscrire au panthéon des producteurs les plus turbulents de l’époque.
Dust, son premier album solo, claque comme une renaissance. Ce disque-là n’a rien à voir, a priori, avec le rap. Il sonne plutôt comme un disque de pop nocturne, nourri de chansons psychédéliques américaines vintage. Un classique de la pop déviante, de la musique de traviole, un étalon de la chanson sombre et apaisée, qui se meut lentement et dont la petite quinzaine de morceaux infuse lentement l’esprit. On y entend des titres écrits dans les ruelles glauques, hantés par le spectre décharné de Jimi Hendrix, portés par des guitares caverneuses et des rythmes déphasés comme des derviches tourneurs au ralenti. On y croise des violons filtrés et des voix de macchabées drogués, comme celle de Greg Dulli, le chanteur de The Afghan Whigs. L’apaisement qui traverse le disque diffère radicalement de l’agitation qui sous-tendait la plupart des albums précédemment produits par Muggs
Muggs avoue pourtant que Dust n’efface pas son passé, ni ses racines hip-hop. Bien au contraire, cet album les fait plutôt revivre : Dust a ainsi été conçu et fabriqué de la même manière que les morceaux de Cypress Hill et Soul Assassins, avec les mêmes techniques. Surtout, Dust a été l’occasion pour Muggs de s’inventer un nouveau masque, une nouvelle personnalité : « j’ai l’impression d’avoir 19 ans à nouveau, d’être revenu à l’époque de ma première boîte à rythmes ; je ne me suis jamais senti aussi inspiré.«