De la cathédrale de Tulle à l’hippodrome de Douai, de la Fondation Cartier à l’université de Coimbra, les apparitions de Pascal Contet dégagent toujours un parfum puissant. Au Portugal, le Festival de Coimbra a pris soin d’éviter la routine ; il concocte des programmes inédits et invite de vraies personnalités, des musiciens racés qui font […]
De la cathédrale de Tulle à l’hippodrome de Douai, de la Fondation Cartier à l’université de Coimbra, les apparitions de Pascal Contet dégagent toujours un parfum puissant. Au Portugal, le Festival de Coimbra a pris soin d’éviter la routine ; il concocte des programmes inédits et invite de vraies personnalités, des musiciens racés qui font le bonheur de l’exigeant public estudiantin. Dans la cour du musée Machado, Contet, en compagnie des percussionnistes Amouy et Bini et du vielleux Dominique Régef, met en scène une naissance et mort du son, avec le concours obligé de l’espace et de la lumière. Son instrument absorbe le percussif, le liquide et l’éolien, les sons inouïs qu’il produit se greffent sur ceux de ses compagnons. De Drouet à Piazzolla, Contet fait vivre de longues tenues, d’éphémères cellules, avant d’inciter, au terme d’un duo riche en halètements et en ronflements, au sommeil réparateur. La chasse d’eau percussive a été tirée à l’envi ; dormez bonnes gens. L’instrument noir qui s’est démené sans compter et a fait admirer ses branchies, en énorme poisson qu’il est, gît sur l’herbe après le concert. Les spectateurs le dévisagent comme une espèce rare échouée sur une plage. Pascal Contet provoque les rencontres stylistiques et récuse le cloisonnement des genres qui existe aussi dans l’accordéon. Après avoir participé aux spectacles de Gallotta, de Preljocaj et s’être frotté aux musiques improvisées et théâtralisées de Drouet et Rebotier, il est devenu le comparse de la contrebassiste Joëlle Léandre et s’est confronté à ce maître méconnu de l’accordéon musette qu’est Denis Tuveri. A Tulle la grise, Les Nuits de nacre font bon ménage avec la cathédrale. Invité régulier, Contet est du genre à donner dans la salle capitulaire du cloître un concert tout-terrain mêlant Scarlatti, Globokar, Goubaïdulina, une improvisation sur une chanson de Damia et une exaltation finale avec les cloches. Cette année encore, il mène la danse ; on pourra l’entendre aux côtés de ses stagiaires au terme d’un stage d’improvisation, et en duo avec Fred Bigot, compositeur et interprète de musiques noisy, pop et électronique.
Duo Contet/Léandre (Grave) ; Cavanna, Rebotier, Blondeau, Gervasoni (MFA/Harmonia Mundi) ; Drouet (Transes/Night & Day).