Dave Fridmann est l’artificier de l’ombre de Mercury Rev : sans lui, ils seraient encore dans un cul-de-sac.
Sans Dave Fridmann, Mercury Rev serait sans doute encore en train de chercher la formule pour sortir de l’ornière bruitiste sans issue dans laquelle le groupe était fourré à ses débuts en 1990. A l’époque, Fridmann tenait seulement la basse, le front bas et les doigts engourdis, avant de tenir le rôle plus flatteur d’ingénieur du son, puis de producteur.
Depuis 1998 et le choc sensoriel provoqué dans le monde entier par Deserter s songs, le quatrième album de Mercury Rev et son premier vrai chef d’ uvre, Fridmann a rapidement vu son nom associé à ces paysages galbés de violons, à ces montagnes de scies musicales, à ces pluies de clavecins ou ces tonnerres de timbales. Heureux propriétaire du studio Tarbox Road de Buffalo, qu’il a inauguré en 1997 (par un fameux enregistrement des Flaming Lips, Zaireeka, qui consistait en quatre disques à écouter ensembles sur quatre installations hi-fi différentes), Fridmann possède désormais le carnet de commande le plus prestigieux de l’indie rock business contemporain. Dans le sillage de Deserter s songs, il a remis le couvert avec les allumés Flaming Lips pour un autre classique, The Soft Bulletin, monument psychédélique et pyrotechnique, et sa console n’a depuis jamais laissé reposer les potentiomètres.
Parmi ceux qui se sont laissés shampouiner les arrangements par ce stylistes hors-pair, on trouve Jane s Addiction (So what !), Mogwai (Come on die young, Rock action), Weezer (Pinkerton) ou encore Luna, Ed Harcourt, Regular Fries et The Delgados. Pour tous, le passage chez Dave fut synonyme de régénérescence, voir d’illumination divine. Pourtant, Fridmann n’a rien d’un dieu ni d’un sorcier. C’est un garçon plutôt effacé qui préfère l’enfermement du studio aux tournées et les équations musicales ardues à la vie dissolue de rock-star. D’ailleurs, depuis plusieurs années, il ne tourne plus que très rarement avec le groupe et, sur les photos de presse du dernier album, il a carrément disparu du décor. Pourtant, même s’il fut envisagé un moment de confier la réalisation de All is dream à un autre producteur (le légendaire Jack Nitzsche qui décéda avait que ne débutent les séances), Fridmann est plus que jamais l’artificier de l’ombre de cette nouvelle féerie musicale en provenance des campagnes new-yorkaises.