Du cœur à l’outrage, malgré son titre légèrement colérique, n’est pas tout à fait un album de guérilla, pas vraiment non plus un disque explicitement engagé ou revendicatif. Et l’on comprend tout de suite que la trentaine a donné à chacun des membres de La Rumeur l’occasion de parfaire, peaufiner, réinventer ses techniques d’écriture, son […]
Du cœur à l’outrage, malgré son titre légèrement colérique, n’est pas tout à fait un album de guérilla, pas vraiment non plus un disque explicitement engagé ou revendicatif. Et l’on comprend tout de suite que la trentaine a donné à chacun des membres de La Rumeur l’occasion de parfaire, peaufiner, réinventer ses techniques d’écriture, son flow, son rapport au rap.
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Et ça s’entend pleinement : après deux morceaux d’ouverture qui sont une continuation des précédents enregistrements, le disque s’ouvre vers d’autres thématiques ? ou plutôt vers une forme différente de discours et une autre manière de voir le monde. Sans pour autant entièrement verser dans un pathos autobiographique, Du cœur à l’outrage est bien une tentative de mettre un peu plus d’intime et d’intériorité dans l’univers musical de La Rumeur. A l’écouter, on sent bien qu’au-delà de la politique et de la réalité sociale qu’ils ont avidement commentées et habitées de leur polyphonie, les MC se sont laissé aller à autre chose, ont ouvert leurs fenêtres et surtout scruté leur environnement proche.
Leur disque est une cartographie d’un Paris qu’ils connaissent bien pour l’avoir arpenté dans tous les sens, et notamment la nuit. Surtout, là où leur premier album dressait de la ville un portrait inspiré par l’imaginaire du cinéma français des années 50 ? qui montrait Pigalle sous ses atours les plus romantiques ?, celui-ci est davantage une observation anthropologique. Dans le morceau Quand la lune tombe, Ekoué décrit au millimètre près une promenade nocturne aux alentours de Barbès et Pigalle, dans laquelle il glisse cette phrase aux accents joliment bruts, presque paranos : Paris du fond de la cuvette des chiottes, un peu comme si vous y étiez.? Paris est surtout perçu à travers les yeux de garçons amoureux d’un endroit qu’ils sentent leur échapper. Cette zone mal définie, sans frontières réellement apparentes, où existent des territoires flous, sert aussi de catalyseur pour exprimer les sentiments les plus enfouis.
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