Billie Holiday a comme relogé l’ectoplasme satiné de ses cordes vocales dans la gorge de la jeune chanteuse américaine. La locataire est prestigieuse mais encombrante. Rusée et forcément consciente du phénomène, Madeleine Peyroux brouille les pistes en puisant dans le répertoire de… Bessie Smith. Fût-il le don de Dieu ou d’un savant apprentissage, ce type […]
Billie Holiday a comme relogé l’ectoplasme satiné de ses cordes vocales dans la gorge de la jeune chanteuse américaine. La locataire est prestigieuse mais encombrante. Rusée et forcément consciente du phénomène, Madeleine Peyroux brouille les pistes en puisant dans le répertoire de… Bessie Smith. Fût-il le don de Dieu ou d’un savant apprentissage, ce type de don est aussi calamiteux que glorieux et il a vite fait de faire émarger un artiste dans la dévalorisante catégorie des tâcherons du cabaret. Cette gémellité vocale et ces chansons monumentales qui enveloppent Madeleine Peyroux comme le costume rayé des Frères Rapetou sont transcendées in extremis par des arrangements débarrassés de tout parasite préhistorique. Et au bout de quelques écoutes, une personnalité émerge de ces reprises et de ces compositions. Une démarche s’esquisse qui vise à faire renaître la grandeur des chanteuses d’autrefois, à ressusciter de façon fugace l’atmosphère et l’état d’esprit des années qui régnaient avant que le rock’n’roll ne mette ses grosses pompes en daim bleu dans le plat. James Carter et Marc Ribot, acolytes de luxe, y vont d’un coup de pinceau discipliné sur cette jolie façade.
René Guyomarc’h
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