Ancien faussaire des Smiths, Gene révèle ses risibles incompétences à trouver une palette personnelle et peint à la truelle. We’ll find our own way. Nous trouverons notre propre voie. Sur ce titre prometteur se terminait Olympian, premier album de Gene. Prometteur et menteur. Deux ans plus tard, après un aimable album-compilation de faces B, singles […]
Ancien faussaire des Smiths, Gene révèle ses risibles incompétences à trouver une palette personnelle et peint à la truelle.
We’ll find our own way. Nous trouverons notre propre voie. Sur ce titre prometteur se terminait Olympian, premier album de Gene. Prometteur et menteur. Deux ans plus tard, après un aimable album-compilation de faces B, singles et inédits ne permettant pas de juger de la franchise de ses intentions, Gene n’a rien trouvé : ni voie, ni chemin, ni sentier communal. Pas d’évolution-brouillage des pistes à la Blur, pas de flirt poussé, malgré quelques violons alibis, avec une grandiloquence à la Burt Bacharach : Gene semble chercher une solution à son drame y a-t-il une vie après les Smiths sans jamais parvenir à se découvrir. Un petit solo replet par-ci, un coup d’orchestre à cordes par-là, Gene abandonne le « S » de Smiths, sympathique et sérieux, pour le « O » d’obsolète ou d’Ocean Colour Scene. Sans jamais être franchement désagréable juste pathétiquement inutile , Gene dépite, plat et fade. Incroyable de voir un groupe enregistrer ainsi à reculons, à ce point tiède, lâche et asservi. Si, par instant, ce romantisme sinueux et douloureux peut tromper Where are they now , on s’aperçoit vite qu’il n’est que stuc et vilain plâtre, dissimulant à la va-vite une sourde vacuité, une inspiration tarie. Ce qui était retenue gracieuse et pudique dans Olympian s’est ici transformé en couardise, en fuite derrière des guitares qui s’emballent sans raison, piquées par une mouche folle et désoeuvrée. Comme effrayé par les possibilités qui s’offraient à lui une liberté insensée permise par un talent à peine naissant (celui, surtout, d’un guitariste haut de gamme), parcimonieusement à l’oeuvrette sur Olympian , Gene n’en a choisi aucune, a frappé à la seule porte ouverte devant lui, partisan du moindre effort. Fini, donc, le petit côté lyrique de trois minutes trente qui allait bien à sa mauvaise mine wildienne ; privilégiées, les pompières leçons de musique, les démonstrations de savoir-jouer biscottos (l’atroce We could be kings ou Why I was born enfin une bonne question). A l’heure où, à l’hospice, quelques fringants vieillards (Bowie, U2) interdisent TF1 pour mater de la jungle sur MTV, Gene atteint de vieillissement prématuré plonge dans l’excès inverse et rejoint Kula Shaker ou Mansun au rang des scandaleux rétrogrades, des adeptes anglo-anglais du gourou Weller. Gene ne comprenant malheureusement pas plus le sens de mod que de mode, c’est donc le bouseux Stanley Road qui sert ici de modèle. Après avoir servi du culte de la jeunesse jusqu’à plus soif, l’Angleterre remet soudain la vieillesse au goût du jour. Elève consciencieux, Gene est déjà radoteur et incontinent.