Le rock instruit mais à la coule d’un Parisien très américain
Les pages personnelles des sites communautaires ont transformé chaque fan en limier des RG, en traqueur d’influences. Souvent, les artistes revendiquent ainsi de longues listes de pairs (de pères) sensés avoir modelé leur son et leur vision. Et la plupart du temps, on ne retrouve jamais dans les chansons les ingrédients qui sont censés les avoir nourries – le beau mystère de la création, qui échappe heureusement à la logique. A en croire sa page, le Parisien Arch Woodman serait ainsi la somme de quelques-uns des plus farouches francs-tireurs de leurs domaines respectifs (folk, post-rock, hardcore…) : Fugazi, Akron/Family ou A Silver Mount Zion… Froidement additionnés, ils donneraient un monstre complexe mais diforme, avec sans doute plus de nerfs tendus et de cervelle en sur-régime que de cœur. Mais son album révèle un songwriting nettement moins préoccupé par les additions, les dosages : en parfaitement nonchalance, trottinant scélérat sur les frontières entre les genres, Arch Woodman est heureusement plus que le Zelig de sa propre collection de disques. Qu’il joue électrique ou acoustique, shoegazing ou folk, tendu ou béat, il n’est pas l’un de ces conservateurs à barbe savamment hirsute, faisant visiter avec dévotion les disques des autres, sans rajouter leur grain de sel ou de vie à leur musique : lui y habite vraiment, met les pieds sur ses influences, mélange les pochettes, sans la moindre religiosité. Comme chantait l’autre : l’Amérique (des slackers), il la veut, et il l’a eue.
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