Une effarante pièce montée, par un ambitieux génie du Canada.
En d’autres temps, Spencer Krug aurait été bâtisseur de cathédrales et ses projets, abondants et quintessenciés, auraient envoyé ad patres assez d’ouvriers pour qu’on le considère comme un génocidaire plutôt que comme un génie. Et c’est grâce à Dragonslayer que les autorités canadiennes auraient pris la pleine mesure de la nocuité de ce songwriter fluctuant. Accouché dans le sillage des dernières livrées de Wolf Parade et Swan Lake, ce nouvel album de Sunset Rubdown recèle en effet ce que le Canadien a composé de plus flamboyant et de plus bouleversant à ce jour.
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Soit huit chansons où d’augustes arrangements pop le disputent à de sonores fractures indie-rock, huit partitions dramatiques où Krug se tord la gorge comme si son âme allait s’en échapper. Des rythmes telluriques et choeurs japonisants de Apollo and the Buffalo and Anna Anna Anna Oh! au vacarme euphonique de Black Swan, du finale étourdissant de Nightingale/ December Song aux mélodies féeriques de You Go on Ahead, point d’essoufflement, juste la confirmation que si l’arbre Arcade Fire ne se réveille pas, on n’aura bientôt plus d’yeux que pour la forêt.
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