L’animé créé par Akira Toriyama inspire les rappeurs depuis déjà longtemps. Florilège et tentatives d’explication du phénomène d’appropriation.
Pourquoi les rappeurs ne cessent-ils de s’identifier aux héros du dessin animé Dragon Ball Z ? Le site The Daily Dot s’est penché sur la question dans un chouette article consacré à l’influence des kamehamehaset autres transformations en super saiyan sur les rappeurs américains. Si les exemples ne manquent pas de l’autre côté de l’Atlantique, le phénomène DBZ marque aussi l’esthétique du rap français.
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Un délire sans fond ?
« J’ai le tri comme Vegeta » : peu de gens sont passés à coté de ces quelques mots prononcés par PNL dans J’Comprends Pas. Ni de la référence à la planète Namek dans le clip de Oh La La, qui a d’ailleurs été réalisé par un collectif appelé Kamerameha. Pour leur showcase au Yoyo, les rappeurs avaient même présenté une vidéo qui rendait directement hommage au manga Dragon Ball Z. Dans celle-ci, on voyait Ademo et N.O.S. flotter sur des kinto-un (comprendre ici le fameux nuage magique sur lequel se déplace Goku dans les premiers épisodes de l’animé).
Les deux rappeurs ne sont pas les seuls à parsemer leurs titres de références à l’animé japonais qui a marqué toute une génération d’enfants et d’ados nés dans les années 80 et 90. Et si cette obsession peut être considérée comme un simple délire générationnel, quelque chose de plus profond se cache très certainement derrière tout ça.
Faire face aux obstacles
Les héros du manga, Vegeta et Sangoku en tête, doivent se battre constamment pour exister et faire face à nombre d’obstacles. Malgré tout, ils restent bons, et ne plient pas. C’est sans doute la première raison qui pousse les rappeurs à s’identifier à eux. Le rappeur originaire de Sète Demi-Portion a même carrément consacré un album à la thématique DBZ avec Dragon Rash. Sur le morceau-titre il déclame :
« Oui j’avoue que l’on avance en repoussant les coups
A part la vue on a rien au sommet d’nos tours
Le combat continue chouf ghadi nmoutou
Ceux qui partent ne reviennent pas comme San Goku
Oui j’avoue que l’on avance en repoussant les coups
A part la vue on a rien au sommet d’nos tours
Le combat continue chouf ghadi nmoutou
Avec mes 7 boules de freestyle, du son tout court »
Il y a également, bien entendu, la notion de rap game qui entre en ligne de compte. Si dire qu’ils souhaitent écraser leurs adversaires semble exagéré (mais pas trop), ce n’est pas une grande nouvelle : un véritable esprit de compétition existe entre les rappeurs. Ego trip et individualisme quand tu nous tient : Booba et Kaaris(qui se compare même à un personnage de manga) l’ont très bien illustré via un clash sur Instagram. Les deux ont mis en avant Vegeta portant un T-shirt de leur marques respectives : Unkut pour le premier, Back To The Future pour Kaaris. Voici une capture d’écran du clash virtuel, qui a, pour ceux que ça intéresse, été remporté par Booba (à 14000 likes contre 7600).
L’enfance, la rage et les rires
En dehors de toute notion de force physique et d’écrasement des autres, il y a également celle de la nostalgie. Alkpote, par exemple, cite rapidement le manga dans Mon Histoire, illustrant la perte de l’enfance :
« Petite chienne me colle pas de vignettes
Lycée Baudelaire c’est fini, Dragon Ball Z. »
Mais en règle générale, ces instants de sensiblerie restent assez rares, puisque les héros de Dragon Ball représentent avant tout le combat et la défiance. Ainsi, Rohff déclare t-il dans Salamoualikoum :
« Comme Vegeta, rageux les bras croisés
Seul un fusil de chasse pour m’apprivoiser »
Au contraire, d’autres se servent des caractéristiques de certains personnages pour créer des punchlines étranges et imagées. C’est par exemple le cas de Nekfeu dans son manifeste hédoniste On Verra. Il y déclare :
« Pour la coke, j’ai le nez de Krillin »
Voici, pour rappel, le visage de ce dernier qui, vous l’aurez compris, est en fait dépourvu d’orifice nasal :
Impossible de passer à coté : il y a aussi ceux qui font ça uniquement pour se marrer et flatter leur nostalgie. En tête de ces derniers figure le crew Bouchées Doubles, qui a invité l’emblématique voix française de Vegeta (aka Eric Legrand) à délirer sur la notion de toute-puissance pour agrémenter une instru. Le résultat s’écoute à cette adresse, et en voici le making-of, qui vous rappellera à coups sûrs quelques souvenirs :
Les phénomènes rap et manga se sont développés en parallèle dans la France des années 80 et des années 90. Il était donc impensable que leurs routes ne se croisent pas, à grand renforts de références communes. Si vous souhaitez en savoir plus en ce qui concerne le versant américain de la chose, nous vous invitons encore une fois à lire l’article du Daily Dot ; et en attendant, on vous laisse avec Sango, qui s’est très largement inspiré de l’animé, pour sa série de freestyles les 7 Boules de freestyle. Qui sait, peut-être un jour les deux choses se croiseront-elles en sens inverse, et qu’un manga prenant le rap pour thème apparaitra. L’avenir nous le dira.
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