Incarnation du Dr House à la télé, Hugh Laurie sort un album en hommage à ses premières amours : le jazz et le blues de La Nouvelle-Orléans. Rencontre et écoute intégrale de Let Them Talk.
Quand Doctor House rencontre Doctor John, ce n’est pas à l’occasion d’un séminaire de médecine mais pour le premier album de l’acteur anglais Hugh Laurie (House à l’écran). Entouré de pointures de La Nouvelle- Orléans, Hugh Laurie chante et troque avantageusement la blouse du praticien pour le blues du musicien.
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Hugh Laurie – J’avais 13 ans quand j’ai acheté mon premier disque qui était l’album Live (at Mr Kelly’s) de Muddy Waters. Je n’achetais pas les disques des Beatles ou de David Bowie comme mes camarades d’école. Du coup, j’ai grandi un peu à l’écart. Quand mes congénères ne juraient que par les Sex Pistols, moi je ne m’intéressais qu’à Jelly Roll Morton et à J. B. Lenoir. Je ne l’explique pas. Je pense que le blues était fait pour moi, tout simplement. Je suis très sensible à la texture sonore des vieux disques de blues, à leur ambiance, à cette qualité narrative des chansons que je ne retrouve dans aucun autre genre.
La familiarité que vous entretenez avec le blues a-t-elle favorisé votre apprentissage de l’accent américain, notamment pour votre interprétation du Dr House ?
Inconsciemment, oui. Bryan Singer, le réalisateur des premiers épisodes de la série, voulait un acteur américain, certainement pas un Anglais. J’avoue avoir bluffé pour obtenir le rôle ! Et, oui, s’il y a un lien à faire entre chanter du blues et jouer la comédie, il est de cet ordre : l’acteur en moi s’est emparé de ce répertoire comme je m’empare d’un personnage de cinéma, parce qu’il y a dans ces chansons un moyen de dissimuler sa personnalité.
Le répertoire que vous avez choisi sur cet album l’a-t-il été en raison de l’attachement particulier que vous avez pour ces chansons, ou parce qu’elles sont les plus confortables à interpréter ?
Un peu des deux. Par exemple, je voulais enregistrer Unchain My Heart de Ray Charles. Magnifique. Sauf que je ne suis pas capable de l’incarner comme Ray Charles ou Joe Cocker l’ont fait. Parfois, c’est exactement comme essayer des fringues. Il y a celles qui vous mettent en valeur et celles qui vous rendent ridicule.
Vous écoutez des vinyles, des CD, du MP3 ?
J’ai un iPod, mais je m’efforce de l’oublier. Les playlists sont de mauvaises amies. Elles vous confortent dans vos goûts de sorte que vous n’écoutez plus que ce que vous connaissez déjà. Or, moi, j’aime être surpris. Depuis quelques années, je suis redevenu un inconditionnel du vinyle. Avec lui, la musique est maîtresse de votre temps.
Que représente ce disque pour vous ?
Un rêve qui se réalise. Celui d’être musicien. Quand les gens de la maison de disques m’ont fait cette proposition, j’ai commencé par leur dire non. Je ne m’en sentais pas capable. Et puis j’ai réfléchi : “Tu as 50 ans. Dans dix ans, sûr que tu vas regretter d’avoir laissé passer cette chance.” Il se trouve que j’ai eu la chance d’avoir Joe Henry comme producteur, qui connaissait Allen Toussaint, Dr John et Irma Thomas. Les cerises sur le gâteau.
Album Let Them Talk (Warner)
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