La formation anglaise publie enfin son premier album, radiographie aux diverses influences d’une jeunesse londonienne acculée.
Patience et longueur de temps. Tel fut le précepte suivi par Folly Group pour livrer un premier long digne de ce nom. Tout avait commencé en janvier 2020, lorsque les quatre amis de l’Est de Londres débarquaient de nulle part sur l’impayable Butt No Rifle, petit tube potentiel qui donnait l’illusion d’entendre Gang of Four en duel au soleil sur les terres sablonneuses d’Ennio Morricone.
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Derrière ses fondations post-punk à la rythmique nerveuse, son groove hypnotique aux multiples percussions et une certaine propension à s’aventurer dans des directions opposées pour prendre l’auditoire à revers, ce single inaugural venait poser les bases d’un groupe à qui tout semblait sourire, avant que son ascension ne soit stoppée net pour cause de pandémie. En quatre ans et autant de temps pour collectionner les jobs alimentaires, les Londoniens ont donc levé le pied pour tester et affiner leur identité sonore sur deux EP et un fameux morceau, Fashionista, venu s’immiscer dans toutes les playlists aléatoires nourries par algorithmes rompus au post-punk.
Hors cadre
Ici, l’idée est donc de s’affranchir des cases. Les influences diverses s’amalgament pour construire un environnement singulier au service de l’émotion et du propos. “On adore Massive Attack et les premiers Gorillaz, où il n’est pas tant question de genres, mais plutôt de créer son propre univers cinématique”, avait d’ailleurs affirmé le batteur-chanteur Sean Harper au sujet du disque.
C’est justement en voulant s’éloigner de cette étiquette devenue trop encombrante (et omniprésente ces dernières années dans le paysage musical anglais), que Folly Group est parvenu à mettre au point sa formule définitive à l’œuvre sur Down There!. Si les riffs frénétiques de guitares et leurs lignes mélodiques implacables (East Flat Crows, Frame) occupent toujours l’espace, l’ensemble s’accompagne d’électronique, de percussions en tous genres et de chœurs en folie (Big Ground), tempérés par le spoken word hargneux de Sean Harper ou le chant plus apaisé du guitariste Louis Milburn (Nest).
Planter le décor
Chaque morceau pioche alors aussi bien dans le dub et les rythmes caribéens que le trip-hop et la musique électronique, pour planter le décor d’un Londres sinueux et harassant, où la jeunesse locale s’efforce de lutter en permanence contre les pressions internes et extérieures, qu’elles soient d’ordre psychique, sociale ou financière. Patience et longueur de temps auront donc été nécessaires à l’élaboration de ce grand mix autoproduit qu’est Down There!. Quand bien même celui-ci se voit surtout imprégné de force et de rage. Salutaire.
Down There! (So Young Records/Believe). Sortie le 12 janvier.
Concert le 2 avril à Lille (Aéronef), le 3 à Paris (Popup! du Label), le 4 à La Roche-sur-Yon (Quai M), le 6 à Bordeaux (Rock School Barbey).
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