Au delà des têtes d’affiches certifiées incontournables que nous offre cette année le festival de Dour, ce sont plus de 200 noms que l’évènement belge met en avant. Sélection choisie avant l’ouverture aujourd’hui.
Depuis déjà 26 ans, le festival de Dour s’applique à ensoleiller la frontière franco-belge d’une affiche aux deux mots d’ordre : éclectisme et exigence. Le premier car le rap, la pop, le rock et l’électro y sont représentés de manière équivalente, et le second car le parti pris de s’axer sur des groupes alternatifs plutôt que sur des têtes d’affiche a subsisté à l’épreuve du temps.
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Des têtes d’affiche, il y en a quand même évidemment : cette édition 2014 annonce Phoenix, Detroit, Jagwar Ma et Breton pour la pop et le rock ; Paul Kalkbrenner, Rone, Darkside et Totally Enormous Extinct Dinosaurs pour les musiques électroniques ; Nas, Cypress Hill, Tyler, The Creator du côté du hip-hop.
Mais elles restent largement minoritaires par rapport au nombre impressionnant de découvertes que le festival affiche : entre ceux qu’on ne connaît pas mais qu’on regrettera amèrement d’avoir loupé dans quelques mois (façon “Mais ils sont passés à Dour eux ?”) et ceux dont le nom commence à nous être familier, un sérieux marathon de quatre jours se profile à l’horizon. Parmi cette liste interminable promettant quelques choix déchirants, on a concocté une sélection – loin d’être exhaustive – de dix perles à ne pas manquer.
Son Lux
Producteur compulsif et impossible à cloisonner dans un genre, Son Lux ressemble à un chimiste qui, au cours d’une expérimentation obscure, aurait trouvé l’équilibre parfait entre electro-pop, hip-hop alternatif et musique de chambre. En solo ou au sein du trio Sisyphus, le compositeur New-Yorkais explore les genres dans un mélange qui ne ressemble à rien de connu, et qui pourtant puise un peu partout. Il accompagne le tout d’une voix Jeff-Buckienne qui, elle, puise très loin dans les confins généalogiques des songwriters de talents. Ne serait-ce que pour la qualité indéniable de son dernier album, Lanterns, Son Lux méritait bien un peu d’éclairage au sein de l’affiche de Dour : que la lumière soit.
Joey Bada$$
Si le nom de Joey Bada$$ ne nous évoque que vaguement quelque chose, c’est que l’artiste reste assez rare de ce côté de l’Atlantique, contrairement à Kendrick Lamar et A$AP Rocky, ses concurrents principaux au titre de nouvelle figure de proue du rap américain. À la tête de son collectif Pro Era et avec même pas 20 ans au compteur, le rappeur de Brooklyn réveille pourtant magistralement le son 90’s de la côte Est et se fait le représentant principal de cette scène qu’on nomme désormais Beast Coast.
Future Islands
Singles, le quatrième album solaire des Américains de Future Islands, les a propulsé sur les devants d’une scène rock indé dont ils méritaient la reconnaissance depuis un moment. Un univers fédérateur et optimiste que le groupe n’aura aucun mal à transposer en live à Dour, le chanteur et leader Samuel Herrings étant une bête de scène reconnue. Sa voix tantôt charmeuse, tantôt gutturale, et ses pas de danse lascifs promettent déjà un show ovniesque et charismatique.
http://youtu.be/1Ee4bfu_t3c
East India Youth
Cet Anglais qui revendique ses origines jusqu’à son nom de scène (référence au quartier East India Docks, de l’est londonien) a sorti son premier album, Total Strife Forever, il y a quelques mois. Et que ceux qui, à la lecture de ce nom, penseraient à l’expérimental et introspectif Total Life Forever de Foals, ne se détrompent pas : East India Youth exploite bien cette veine electro-pop toujours sur le fil entre douleur et douceur, fragilité et puissance. Dans sa musique, on penche toutefois plus nettement du côté de la synthpop et du mystique que du rock fédérateur de ses collègues d’Oxford.
Fixpen Singe
Si Dour fait cette année la part belle aux rappeurs Américains (Nas, mais aussi The Underarchivers, Madlib et Raekwon), notre rap francophone et ses nouvelles têtes n’y sont pas délaissés pour autant. Formation transrégionale et même transnationale qui regroupe sur scène les deux Nantais de Fixpen Sill, le Parisien Lomepal et le Belge Caballero, Fixpen Singe est un pot-pourri de ce qui se fait de plus intéressant aujourd’hui sur la scène rap francophone.
Deen Burbigo
Puisqu’on parle rap, autant s’attarder sur une autre de ses prometteuses recrues : le membre de l’Entourage Deen Burbigo. Le Parisien se produira d’ailleurs à deux reprises dans le cadre de Dour, une fois en solo et l’autre avec son collectif tentaculaire et surproductif. Si elle force parfois un peu le trait, sa voix rauque promet de nous livrer quelques punchlines bien senties, armées un flow acéré mais capable de poésie et d’introspection.
Badbadnotgood
Des intrus hip-hop suaves, un jazz 2.0, une électronique downtempo au possible ? Dur de trouver un qualificatif adéquat au son hybride de Badbadnotgood. En seulement quatre années d’existence, le trio Canadien, qui s’est fait remarquer pour ses collaborations avec les membres d’Odd Future Tyler, The Creator et Frank Ocean, possède déjà trois albums à son actif et un sérieux bagage d’influences à délivrer sur la scène de Dour.
Kadebostany
Armés de cuivres et de percussions, la fanfare electro de Kadebostany livre des shows taillés pour une assemblée de fanatiques plus qu’une foule de concert. Au programme, mise en scène théâtrale et immersion dans un pays fictif, la Kadebostania, une contrée soumise à la dictature sans concession de son chef d’orchestre Kadebostan. Le groupe se présente d’ailleurs comme un véritable bataillon de soldats accompagné de sa chanteuse de charme, et livre une propagande bien barrée, mais redoutablement efficace.
Shigeto
Originaire de Detroit, Shigeto délivre depuis 2010 une électronique chiadée, à classer directement parmi les Flying Lotus et Gold Panda pour la place qu’il accorde aux percussions et les infidélités du côté des instrumentales de hip-hop. Son dernier album, No Better Time Than Now, s’écoute les yeux fermés et la machine à rêves enclenchée, et annonce une parenthèse enchantée à travers le marathon de Dour.
Band Of Skulls
Formés en 2004 sous le nom Fleeing New York, les Anglais (!) de Band Of Skulls ont sorti il y a quelques mois leur troisième album, Himalayan, sur lequel leur rock tranchant et flamboyant semble parvenir à maturité, la production du monstre Nick Launay (homme de l’ombre de Nick Cave et d’Arcade Fire) n’y étant sans doute pas étrangère. Si d’aventure vous cherchiez à Dour les rejetons de Queens Of The Stone Age, ils pourraient bien se trouver du côté de la bien nommée Petite Maison dans la Prairie où jouera le groupe.
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