Des dizaines de concerts, des découvertes en pagaille et, cerise sur la galette saucisse, un riche contingent d’artistes français… Les Transmusicales de Rennes remplissent plus que jamais leur rôle de défricheur avec une programmation audacieuse et bigarrée. Première partie de notre dossier dédié au festival.
Chaque début d’hiver, on prend le chemin des Transmusicales de Rennes la tête couverte d’un bonnet et le cœur empli d’espoir. Contrairement aux gros rassemblements estivaux qui attirent le festivalier en multipliant les têtes d’affiche, les Trans proposent chaque année une programmation défricheuse et audacieuse qui ne ressemble à aucune autre. La plupart du temps, près de la moitié des groupes programmés nous est étrangère.
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Quant à ceux qu’on connaît, c’est souvent pour quelques morceaux, un ep ou un passage remarqué sur une scène lointaine. Signe supplémentaire que l’événement vaut son pesant d’or : toute l’industrie du disque brave le froid breton et fait le déplacement aux Trans pour dénicher ses héros de demain.
Cette 34e édition à rallonge – elle s’étale du 5 au 9 décembre – promet à nouveau de belles nuits sans fin. Parmi les réjouissances annoncées, on saluera d’abord la carte blanche accordée, pendant quatre soirs, au collectif bordelais Iceberg, un an après le succès de l’invitation envoyée au label Kutü Folk de Clermont-Ferrand. En plus des concerts des meilleurs représentants du 33 (Crâne Angels, Botibol, Petit Fantôme, J.C. Satàn…), chaque soirée se terminera sur Licornia, une création originale jouée par vingt musiciens du collectif que viendront rejoindre en amis les voisins Fránçois & The Atlas Mountains ou Archipel.
À ne pas rater non plus, le nouveau projet musical d’Olivier Mellano ou encore Ondatrópica, groupe monté par le musicien colombien Mario Galeano et le producteur anglais Will “Quantic” Holland. Avec plus de quarante musiciens sur scène, le projet est une sorte de Buena Vista Social Club colombien, une tornade funk qui embrasse le ska, le dub et le hip-hop dans une joie communicative.
Parmi les dizaines de concerts annoncés, on recommandera aussi ceux des jeunes pousses Clockwork Of The Moon – des Normands qui jouent le folk comme s’ils voulaient devenir les Byrds –, du duo sud-africain explosif Skip & Die ou de la reine folk-rock de l’année Lou Doillon – elle donnera aux Transmusicales le troisième concert de sa carrière. Quelques noms auxquels on pourrait encore ajouter ceux de Lianne La Havas, MSMR, le génial et jeune Madeon, Team Ghost, Mermonte, Baloji, Melody’s Echo Chamber… La liste, avec sa grosse centaine d’artistes, impressionne.
Parce qu’il a fallu faire des choix, nos oreilles ont fait le grand écart pour se concentrer sur le Sud-Africain Petite Noir, le jeune Anglais Paul Thomas Saunders, le collectif zambien Zam Rock et la présence massive des jeunes pensionnaires de notre inRocKs Lab. Tous ces artistes illustrent avec brio la largesse d’esprit et l’audace d’un festival qui demeure aussi le plus beau prétexte pour s’enfiler quantité de galettes saucisses en cinq soirs.
Johanna Seban
Zam Rock : la Zambie sauvée de l’oubli
Une soirée à faire chauffer les peaux et écarquiller les oreilles, avec des artistes zambiens très rock des seventies.
La plupart du temps, c’est l’afrobeat, le Nigeria ou Fela Kuti que l’on cite pour évoquer la musique des seventies en Afrique de l’Ouest. À la même époque, une troupe de musiciens moins connus se chargeait aussi de brancher les amplis en Zambie. Ils écoutaient du rock, du garage et de la soul, chantaient dans la langue de Jimi Hendrix et James Brown. Mariant funk, jazz et rock psyché, ces musiciens biberonnés à la musique anglo-saxonne – Hollies et Stones en tête – inventèrent ce qu’on nomma alors le zam-rock. Un genre qui donne son titre à une soirée exceptionnelle organisée à la Cité.
Remercions donc le festival breton d’avoir sorti de l’oubli les noms de Rikki Ililonga, Witch – tous deux font l’objet de formidables rééditions sur le label Now Again cet hiver –, Jagari Chanda ou encore Amanaz. Ces héros d’hier se réuniront pour dévoiler en live un chapitre méconnu de l’histoire de la musique africaine. Record de chaleur prévu en Bretagne ce jour-là.
J.S.
Concert le 8 décembre soirée Zam Rock feat. Rikki Ililonga, Jagari Chanda, Karl Hector & The Malcouns à la Cité
Pegase, O Safari, Sarah W_Papsun… : la France à l’honneur
Une ribambelle d’artistes estampillés inRocKs Lab s’apprête à coloniser la nuit rennaise.
Quand, pour la première fois de sa riche histoire, un festival aussi pointu et exigeant que les Trans recrute la moitié de sa programmation dans la jeune et turbulente scène française, on peut s’attendre à ce que le vivier inRocKs Lab soit largement représenté. Et on n’est pas déçus : les artistes défendus par le site débarquent en force dans la sélection dissidente des Bars en Trans (Aline, Set & Match, The Popopopops, Total Waar, We Are Knights ou Jesus Christ Fashion Barbe).
Mais ils seront surtout à l’honneur dans la programmation officielle du festival, pour lequel notre inRocKs Lab a fourni une fine équipe d’affranchis, de branleurs et de chercheurs. On y dansera sur l’electro-pop effrontée des locaux de O Safari. On y rêvera avec la pop trouble, onirique et ambitieuse de Pegase. On y pogotera gaiement sur les riffs secs et nerveux des Von Pariahs. On s’habillera en toge pour saluer le rock hippie des Crâne Angels.
On se contorsionnera sur le rock épique et cubiste de Sarah W_Papsun. On sautera de joie aux rythmes multiples de la merveilleuse fanfare Mermonte. On tentera de suivre les mélodies en lignes brisées et les fulgurances de Gomina. On suivra l’electro de Superpoze jusque dans le cosmos. On se fera peur et plaisir avec la pop biscornue et excentrique de Petit Fantôme. On visitera le Far West fantasmé de Bow Low. On fermera le pardessus et les paupières pour la cold-wave romantique de Goldwave…
Au fil des ans, les Trans ont révélé au grand public Étienne Daho, Les Négresses Vertes, Daft Punk ou Justice : c’est tout le mal qu’on souhaite aux représentants de l’inRocKs Lab 2012.
JD Beauvallet
www.inrockslab.com
Paul Thomas Saunders : la découverte folk
Un gamin de Leeds au songwriting de grand ouvrira pour Lou Doillon.
Depuis que l’on a découvert son timbre crépusculaire sur le bouleversant Appointment in Samarra un soir pluvieux de novembre 2011, on ne jure que par Paul Thomas Saunders. À juste 20 ans, le timide jeune homme originaire de la grise Leeds possède déjà la voix et le songwriting d’un grand, quelque part entre Paul Simon et un Grandaddy qui aurait traîné ses pompes vintage dans le Yorkshire plutôt qu’en Californie. Déjà auteur de deux ep crèvecoeurs, Saunders jouera avant Lou Doillon.
Ondine Benetier
Concert le 7 décembre à la Cité
paulthomassaunders.com
Les Transmusicales de Rennes
Du 5 au 9 décembre
Info et programmation complète sur www.lestrans.com
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