Réalisé lors de la tournée anglaise de Dylan de 1965 par D. A. Pennebaker (à qui l’on doit aussi les documentaires Monterey Pop et The War Room).
Don’t Look back, bien plus qu’un simple reportage musical sur Bob Dylan, propose un véritable portrait de l’artiste. Portrait d’autant plus remarquable que ce dernier a passé l’essentiel de sa vie à tout faire (jusqu’à ses mémoires, parus il y a trois ans) pour ne pas la raconter.
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Lors de ce périple anglais (qui s’achève sur un concert donné dans le somptueux Royal Albert Hall de Londres), on voit donc Dylan jouer avec les journalistes ; découvrir celui qui longtemps ne fut considéré que comme son double britannique, Donovan ; sermonner Alan Price (The Animals) après que ce dernier eut jeté un verre de vin par la fenêtre ; être adoré par des fans. On aperçoit le manager Albert Grossman négocier les prestations de son dauphin pour la BBC et, tout au long du reportage, on s’étonne de l’alchimie entre ce folk très américain (The Times They Are a-Changin’, It’s All Over Now, Baby Blue) et ce décor très anglais : si la guitare et la voix de Dylan évoquent Woody Guthrie et le Greenwich Village de New York, elles sont encore plus belles plaquées sur des images de la gare de Manchester et des rues du Londres des sixties.
Surtout, Don’t Look back captive pour sa façon discrète de brillamment retranscrire cette période où Dylan, las de son étiquette de chanteur folk, allait choquer le monde en branchant une guitare électrique – une rupture ironiquement symbolisée par sa séparation d’avec Joan Baez à la fin du reportage.
Une nouvelle version de cet indispensable reportage paraît ces jours-ci, agrémentée de nombreuses images inédites, réunies dans un documentaire joliment intitulé 65 Revisited – en plus d’y croiser Allen Ginsberg et Nico, on y découvre un cortège d’anecdotes racontées par Pennebaker et le tour manager de Dylan de l’époque, Bob Neuwirth. L’ensemble, à la fois terriblement simple et copieux, contribue à faire de Don’t Look back un documentaire rock prodigieux, avec lequel seuls le Gimme Shelter des frères Maysles sur la tournée US des Rolling Stones et le concert d’Altamont, et le Let It Be de Michael Lindsay-Hogg – véritable témoignage de la désintégration des Beatles – peuvent rivaliser.
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